Suki laissa sa tête aller contre la fenêtre, et se mit à regarder le paysage qui défilait à vive allure. La jeune neko baissa les yeux sur son poignet et constata grâce à sa fine montre en argent qu'elle était partie depuis un peu plus d'une heure et quart, maintenant. Son taxi, qui était venue la chercher devant chez elle pour éviter au père de Suki d'avoir à l'emmener quelque part, ne devrait plus tarder à arriver. Son chauffeur jeta un coup d'oeil sur elle à travers le rétroviseur, asortit d'un sourire chaleureux. Auquel elle répondit avec bonne volonté. Cela devait bien faire au moins deux mois qu'elle attendait ce jour ! Elle allait enfin quitter sa maison et tous ses problmes, et se reconstruire ailleurs. Elle ne demandait pas plus. Et pourtant, maintenant qu'elle y était presque, elle était un peu inquiète. Et si cette pension dans laquelle elle s'était inscrite était en fait remplie de gamins complètement associal, comme son frère ? Et si ils ne juraient tous que par le travail et les notes ? Bien sûr, Suki avait de bons résultats, mais elle détestait tout de même apprendre. Et si elle tombait avec une camarade de chambre qui tirait tout le temps la gueule et qui ne supportait pas qu'on rentre dans la chambre après vingt et une heures ? La jeune fille laissa éhapper un petit soupir, tout en essayant de se rassurer. Les brochures qu'elle avait lues lui paraissaient tout à fait convenables, il n'y avait pas de raison pour que cela se passe autrement que très bien. Soudain elle se rendit compte que le taxi ralentissait. Suki regarda par la fenêtre pour découvrir un haut portail en fer. La voiture s'arrêta complètement et le chauffeur se retourna vers elle pour lui demander la somme à payer pour la course. Elle sortit quelques billets froissés de sa poche, et sortit hors de la voiture, valises en mains. Il faisait plutôt frais, pour une matinée de printemps. Suki s'avança d'un pas déterminé jusqu'au portail, et s'aperçu qu'il était déjà fermé. Elle laissa échapper un petit juron en constatant que les lieux étaient complètement vides. Elle était en retard le premier jour ! Qu'est-ce qui n'allait pas, chez elle ? Su' appuya sur le bouton de communication avec la loge, éspérant de toutes ses forces que quelqu'un soit resté dans le petit local, prêt à ouvrir le portail pour des quelconques retardataires. Elle attendit quelques minutes près de l'interphone, puis, voyant que personne ne répondait, elle s'affala sur sa valise, restée sur le trottoir, en lâchant un grand soupir.

Elle marchait depuis plusieurs jours, munie seulement d'une valise... Elle ne savait pas vraiment où elle allait, mais son instinct lui disait qu'elle était proche, bien que sa conscience lui dise le contraire vu qu'elle était dans une grande forêt depuis deux jours. Celle-ci était dense et l'on ne s'étonnait pas de voir diverses bestioles... Plus dangereuses les unes que les autres. Elle avait les pieds pleins d'ampoules et sauta de joie quand elle aperçut enfin la lisière de la forêt. Elle se demanda d'abord si elle était arrivée au bon endroit. Un grand château? C'est bizarre par rapport aux immeubles luxueux qu'il y avait en Allemagne... Enfin, elle croit qu'ils y en avaient. Elle courut vers la grande porte en fer qui ressemblait plus à des barreaux qu'à un portail. Elle n'était toujours pas sure de sa destination. Elle trébucha d'abord dans l'herbe qui longeait une route en bitume. Sa main saigna abondemment mais elle ne ressentait pas la douleur que cela procurait. Ses souliers étaient usés et troués. La jeune fille n'avait pourtant pas souffert durant son long périple. Elle se releva et vit une voiture... Elle n'avait pas vu de présence humaine depuis plus d'une semaine. Elle s'approcha discrètement et vit sortir du véhicule. Elle était également différente des humains vu qu'une paire d'oreilles étaient dressées sur sa tête. Tanaranth s'approcha de la jeune fille, le visage ruisselant de sueur. La jeune inconnue s'approcha de l'interphone et demanda surement d'ouvrir la porte. Cette dernière ne s'ouvrait désespérement pas. La voiture s'était en allée et Tanaranth était plantée au milieu du gazon. Elle s'approcha jusqu'au bord de la route et regardait l'Autre avec un air canin. Elle put dire qu'une chose...

-«Qui es-tu?»

Elle était intimidée par cette personne. Elle ne dit plus rien et le silence fut lourd. Elle demanda un peu plus fort, car elle se dit qu'à cette distance, elle était trop loin pour être entendue par l'autre.

-«Qui es-tu?»

Aucune réaction. Tanaranth, sotte qu'elle est, se mit au milieu de la route et répéta à nouveau.

-«Qui es-tu?»

Deux voitures sur cette route pourtant déserte passèrent quand elle finit sa phrase.

Suki leva les yeux en direction du ciel. Il n'était pas encore très tard, et de ce fait la lune était toujours apparente, bien que quelque peu voilée. La jeune fille jeta un bref coup d'oeil derrière elle lorsqu'elle entendit les moteurs de deux voitures sur la route, puis redirigea son regard vers la lune. Mais, prise d'une brusque incertitude, elle se retourna une nouvelle fois, et cette fois son regard se posa sur une jeune fille plutôt jolie, de l'autre côté de la route. Elle semblait avoir à peu près le même âge que Suki, peut-être un peu moins. Son style vestimentaire était assez... Inhabituel, et elle n'avait pas l'air d'être venue en taxi, à l'allure de ses mains, de ses pieds, et de la sueur sur son visage qu'elle apercevait depuis où elle était. Su' lui adressa néanmoins un petit sourire, assortit d'un joyeux signe de la main. Peut-être allait-elle à la pension, elle aussi ? La jeune neko vérifia qu'aucune voiture n'arrivait puis traversa la route pour rejoindre sa future interlocutrice. Puisqu'elle avait du temps à tuer, pourquoi ne pas en profiter pour faire de nouvelles connaissances ? En s'approchant de la jeune inconnue, Suki remarqua qu'elle avait les yeux vairons. Le sourire toujours aux lèvres, elle prit la parole d'une voix chaleureuse.

- Salut ! Moi c'est Suki. Tu vas aussi à la Pension ?

Ladite Suki venait de se présenter. Tanaranth, toujours méfiante, se décrispa un peu en voyant le large sourire que son interlocutrice aborait. Elle était un peu plus vieille qu'elle, portait une sorte d'uniforme et avait de beaux cheveux d'une couleur étrange, violet et brun en même temps tandis que ses yeux étaient rosés. Après un lourd silence, Tanaranth prit enfin la parole pour dire :

-«Je suis Tanaranth. J'ai entendu parler de cette pension.»

Effectivement, elle ne pouvait plus s'enchainer toute les nuits en espérant redevenir une humaine normale et... dépendante en ce bas monde. L'indépendance est une malédiction, comme celle du lycanthrope. Un grincement se fit entendre derrière elles et Tanaranth se retourna. L'immense porte en fer rouillé par endroits, où l'on pouvait cependant voir nettement la gravure "P. Shiinu", était en train de s'ouvrir sous ses yeux. Une si vieille porte? S'ouvrir automatiquement? C'est absurde! Ils l'auraient cassée en voulant le mettre. Bref, elle traversa la route sans regarder si il y avait des voitures et arriva devant la porte en faisant signe à Suki.

Voyant que la jeune fille qui lui faisait face ne répondait pas, Suki ressentit un léger malaise. Mais il se dissipa aussi vite qu'il était venu quand la dénommée Tanaranth lui répondit. Suki arborait toujours un joyeux sourire lorsqu'elle entendit un grincement derrière elles. Elle se retourna pour en déterminer l'origine. Le haut portail en fer devant lequel Su' avait laissé ses affaires était en train de s'ouvrir, lentement. Quelqu'un avait du l'entendre. Pourtant, elle ne vit personne derrière lorsqu'elle se fut complètement ouverte. Tanaranth réagit avant elle, traversa la route puis fit signe à Suki de la rejoindre. Et c'est ce que cette dernière s'empressa de faire, ramassant au passage ses valises, avant de passer la porte. Les deux jeunes filles étaient maintenant dans une petite cour, avec un chemin menant à un grand bâtiment. Elle jeta un coup d'oeil à Tanaranth, haussa légèrement les épaules et s'y engagea, bientôt suivie de la jeune fille. Elles arrivèrent devant une porte vitrée quelques mètres plus loin. Suki leva la main vers la poignée, hésita une demi seconde, puis la fit tourner.

[ C'est court désolée =S ]

La cour où elles entrèrent était immense. Des cerisiers en fleurs d'un côté, une mare de l'autre, et devant se dressait un établissement gigantesque, qui devait sûrement être la pension. Tanaranth, émerveillée, laissa tomber sa valise au sol tellement le choc était puissant. Un si grand établissement si près d'une ville? Mais comment?! Ses mains tremblaient. Elle ramassa sa valise dont la moitié d'une robe se laissait voir et attrapa la main de Suki, surexcité à l'idée de vivre là-dedans, elle s'élança vers la porte d'entrée et la poussa. Le hall était magnifique. Il y avait des lustres en pierres précieuses, des grands escaliers de marbre et un tapis rouge. Tanaranth laissa échaper un "Waaouh" pleine d'admiration. Vivre dans un palais? C'est merveilleux, elle lacha la main de Suki et alla inspecter la pièce, avec ses rideaux de soie émeraude et leur dorrure. Elle posa une question à Suki:

-"J'ai toujours révé de vivre dans un palais. Pas toi?"

C'était une question bien étrange. Vivre dans un palais, qui ne l'avait pas révé? A part si son interlocutrice vivait déjà dans un palais, elle répondrait quoi? Tanaranth se retourna et observa les chandeliers près de Suki. C'était comme dans un rêve.

Tout-à-coup, un espèce de crit aigus résonna, stoppant l'admiration des deux nouvelle.

" JE VEUX VOIR UN NEKOOOOOOOOOO >_< "

Des grand bruits de pas. Des bruits de pas qui se rapprochait, de plus en plus. L'eau du lac s'agitait, toute seule. Il n'y avait pourtant pas de vent...

- NYAAAAAAAAAAAH >w<

D'un coup, les pas se stoppèrent et furent suivis d'un gros "PAF !"

- Aiiiie T.T

Les bruits de pas recomençèrent. De plus en plus forts...

Suki se laissa entraîner à l'intérieur par Tanaranth. En découvrant le hall, elle en eut le souffle coupé. Et apparemment, Tana aussi. Elle n'avait jamais vu un intérieur aussi bien décoré. La jeune fille avait l'impression d'être dans un palais. Si le hall était aussi beau, elle pouvait imaginer le reste du pensionnat. Suki sourit à la question de Tanaranth.

- Quel genre de fille n'a jamais rêvé d'être une princesse ?

Elle ferma les yeux en pensant à sa vie, qui était loin d'être celle d'une princesse. Mais elle les rouvrit vite en entendant une voix de fille hurler qu'elle voulait voir un neko. Elle entendit des bruits de pas, une chute, puis à nouveau des pas. Suki regarda Tanaranth en haussant les sourcils, mais celle-ci semblait aussi perplexe que la neko.

Une jeune fille arriva, criant qu'elle voulait voir une neko. Tanaranth fut perplexe. Qu'est-ce qu'une neko? Elle n'avait jamais entendu ce mot là. Elle osa demander :

-"Ci quoi une neko? Une glâce?"

Elle n'avait aucune idée de se que cela pouvait être. La nouvelle arrivante pris un air offensé, comme si Tanaranth devait savoir cela. Bien sûr tout le monde peut se tromper mais... Tanaranth rougit en voyant l'expression des deux autres interlocutrices. Une neko? Cela devait être un terme japonais. En Allemagne, on entendait plus souvent le mot bière ou autre. Pourtant Tanaranth était sûre d'avoir bien appris la culture Japonaise. Une dernière fois elle repris :

-" En Allemagne, je n'ai jamais entendu ce terme..."

Elle avait peut-être rattrapé son coup. Elle regarda la fille qui portait un châpeau puit Suki, elles s'étaient apaisées.