Réponses au château ? (PV Aki & Ami)

Cet été avait été bien long…

Fûka était partie sans dire un mot, sans prévenir personne. Sans faire ses adieux à Ami, ou à Arimi. Sans dire quelque chose à Light ou à la directrice. Non.
Elle était partie, c'est tout.

Elle avait besoin de remettre les choses au clair. Tout était allé bien trop vite, ces derniers temps. Bientôt un an qu'elle était arrivée à Shiinu, par errance, en suivant la rivière. Et pourtant, elle avait l'impression d'avoir passé 10 années de sa vie dans le vieux château.
Fûka s'était ouverte aux autres. Elle avait essayé de surmonter la malédiction qu'il lui enserrait les côtes, qui lui brisait le cœur à chaque malheur. Sara ne lui écrivait plus mais elle ne s'en était pas inquiétée. Elle était tombée amoureuse. Oui. Et ça l'avait encore fait souffrir. Déjà 6 mois qu'il était parti. Et elle n'arrivait toujours pas à s'en remettre. Elle avait essayé et espérait avoir réussi à cacher sa tristesse à ses amis. Car oui, elle s'était aussi fait des amis. Amis qui lui faisaient penser chaque minute, chaque seconde, au plus important, le maillon qui manquait à sa nouvelle vie : Théo.
La pension lui avait aussi fait prendre conscience de sa mémoire défaillante, de son histoire incomplète. Des questions se bousculaient en vrac dans sa tête. Elle était partie pour trouver des réponses.

Elle avait retrouvée la rivière par laquelle elle était venue et l'avait remonté. Elle avait trouvé le château de son père. Et l'avait observé sans trembler.
Les vignes étaient sèches et saccagés. Alors que, dans ses souvenirs, l'odeur de raisin était ce qui dominait au manoir, elle n'avait humé qu'une odeur lugubre et désagréable, pis encore que celle du vin.
L'odeur de la mort.

Elle avait parcourut l'allée principale des jardins. Aux aussi n'avaient pas étés entretenus depuis longtemps. L'odeur s'intensifiait au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait vers le manoir maudit de son enfance.
Elle était arrivée devant les escaliers en pierre, juste avant la massive porte en bois de l'entrée. Ils étaient, l'un comme l'autre, couverts de mousse.
Elle s'était attendue à rencontrer des gens, des serviteurs ou des invités. C'était censé être la période des vendanges. Mais personne ne l'avait interrompu dans sa marche.
Ce ne fut que lorsqu'elle ouvrit la porte que des voix se firent entendre.
La voix du vieux médecin de son père.
Fûka avait vérifié ses poches, cherché ses shurikens. Si le médecin était là, c'est que son père était là lui aussi.
Elle était entrée dans le grand hall d'entrée. Deux monsieur parlaient, assit sur les plus basses marches de l'escalier en bois qui menaient à l'aile est du manoir. Ils ne l'avaient pas remarquée.

- C'est la seule héritière. Pff. Pauvre homme. Il va s'en retourner dans sa tombe. Aucune clause ne stipule qu'elle ne peut pas disposer de la fortune. Son testament est l'un des plus mauvais que je n'ai jamais vu.

Elle reconnut l'huissier du village. Fumika le lui avait présenté, un jour qu'elles se promenaient. Son père avait refusé de le prendre à son service et il avait préféré faire venir un "véritable huissier du continent" comme exécuteur testamentaire. Fûka n'avait pas connu la suite de l'histoire car, quelques heures plus tard, son père essayait de la violer et elle s'enfuyait de cet endroit maudit.

- De toutes façons, comment la contacter ? répondit le médecin. Tout le monde ignore où elle est passée. La seule qui aurait pu nous le dire, la gouvernante là… Sara je crois qu'elle s'appelait, est morte il y a 6 mois, à cause d'une mauvaise épidémie de grippe. Mr Hirakawa n'avait pas voulu que je l'ausculte ou que je lui prescrive des médicaments, alors qu'il savait que la jeune femme était de constitution fragile depuis quelques années.

- Cette sorcière ne mérite pas toute cette fortune. Malgré l'état de folie dans lequel se trouvait son père, il cachait de puissantes économies.

C'est alors qu'ils la remarquèrent.
Des larmes coulaient sur ses joues et ses grands yeux, plus verts que bleus maintenant, étaient grands ouverts. Elle se laissa tomber par terre, sous le choc.
La vie ne lui avait rien épargné.
Elle était horrifiée. Son père était mort, oh, comble de la joie.
Sara aussi.
Comble de désespoir.
Il ya 6mois.
Alors qu'elle était malheureuse.
A cause de Kyo.
Elle l'avait tuée.
La marque, sur sa côte droite, se fit brulante.

C'est alors que La Chose prit le contrôle. Et, pour la première fois, elle entendit sa voix.
Une voix de femme. Pleine d'ironie et de compassion, mélangée à une voix de fillette pleine d'amusement.

Arrêtes de t'apitoyer sur toi même. Je t'ai choisi à cause de ta puissance mais si j'avais sût que tu étais si pleurnicharde, je serais restée dans Théo.

La Chose la fit se relever et Fûka entendit sa propre voix demander aux hommes :

- Est-ce bien moi qui vous cherchez ?

Le reste du mois se passa très vite.
Fûka était toute seule dans son esprit, qu'une magnifique lumière verte émeraude éclairait. Elle pleurait, presque sans interruption, la mort de Sara, de Théo, de sa mère...
La Chose avait prit le contrôle de sa vie et cela ne la dérangeait pas. Elle s'occupait du manoir et de la fortune nouvelle de Fûka avec une force de caractère que la sorcière d'eau ne possédait pas.
Son père était mort aux prises avec sa folie, en se jetant du toit du manoir et en criant "Kaede, tu lui ressemblait tellement". Fûka frissonnait en sachant que les dernières pensées de son père avaient étés pour la femme qu'il avait tué et la fille qu'il avait voulu violer.
La Chose fouilla avec soin chaque recoin de la mémoire trouée de Fûka. Elle embaucha de nouveaux domestiques et renvoya les quelques anciens qui avaient osés se présenter. La Chose prit un malin plaisir à renvoyer le plus méchamment possible le Cachalot, la servante énorme qui terrorisait Fûka.
Fumika avait quitté le village après la disparition de Sara. On ignorait où elle et son mari se trouvaient.
Encore des gens que Fûka pleura.
La sorcière d'eau essaya de poser des questions à La Chose mais celle-ci ne répondait pas. Elle se contentait de gérer la vie autours de la jeune fille et d'éclairer son esprit de l'apaisante lumière verte.

Puis, un matin d'août, Fûka cessa de pleurer. Elle se leva d'elle-même et s'habilla. La Chose avait, lui semblait-il, disparue.
Elle confia le manoir renaissant au nouvel intendant que La Chose avait soigneusement choisi et elle partie à travers les vignes recemment plantées, à la recherche de la crypte. Elle espérait enfin y trouver les réponses à ses questions. Mais, après une journée de recherche, elle dût abandonner.

Lorsqu'elle s'endormit, elle entendit La Chose lui murmurer à l'oreille :

Shiinu… C'était idiot de partir. Parce que c'est là bas que tu as été le plus heureuse, non ? Et c'est souvent à l'endroit où il y a des questions qu'il y a des réponses. Surtout dans les vieux châteaux et dans les vieux esprits.

C'est ainsi qu'elle fit ses bagages et repartit à Shiinu, avec la ferme intention d'extorquer des réponses à Kara, ainsi qu'au vieux château de l'île. Parce qu'elle voulait connaître son passé.

Le Château de Shiinu…

Fûka refit sa queue de cheval et s'assit dans l'herbe. Elle attendait Ami, Aki et surtout Kara. Parce que certaines choses ne peuvent être faites seule.