Chapitre 1 ; Comment échapper à une bande d'obsédés.

Premier post pour Tanaranth.

Suki avait chaud. Tellement chaud. Elle sortit de son sac un vieux stylo, avec lequel elle s'attacha les cheveux d'un geste expert - savoir-faire étonnamment pratique. Elle baissa les yeux sur ses pauvres escarpins en satin. L'un des deux talons était cassé, et le tissu était taché d'un mélange de saleté et de sang. Non, ne mettez pas d'escarpins pour courir. Ou ayez la présence d'esprit de les retirer avant de vous mettre à fuir une bande de mâles en chaleur. Suki s'appuya à la rambarde du toit et enleva enfin ses chaussures, se délectant du plaisir produit par la sensation d'avoir enfin ses pauvres pieds meurtris à même le sol.

Tout avait commencé alors qu'elle se rendait au cinéma. Elle allait voir ce genre de comédie romantique, idéale pour les jeunes femmes seules en manque d'occupation, comme Suki. Dans le hall, elle était passée devant une bande de garçons légèrement plus jeunes qu'elle, qui avaient sifflés sa combi-short, il est vrai assez aguicheuse. Jusque là rien d'anormal. Sauf qu'il existe des personnes où des connexions semblent ne pas se faire dans leur cerveau. La mi-neko ne s'en était pas aperçu tout de suite, mais la petite dizaine l'avait suivie dans la cour, se rapprochant peu à peu d'elle.

Eh ben, ma jolie !? Pourquoi tu marches si vite ?

Remarque qui, après un coup d'œil de Suki afin de déterminer le nombre de personnes à qui elle avait affaire, qui était de huit, fit accélérer la neko de plus belle.

Attends un peu ! Dis... Tu sais que tu as des formes très agréables à regarder ?

Suki réfléchissait. Elle avait beau savoir se défendre, contre huit hommes, elle ne pouvait strictement rien. La cour était déserte, évidemment. C'aurait été trop beau. Elle pouvait toujours appeler quelqu'un, son portable se trouvait juste dans son sac... Mais ça ne servirait à rien. Personne ne serait assez rapide pour la rejoindre à temps. Il fallait qu'elle continue à les devancer et qu'elle essaie de les semer dans la foule. Elle hoqueta de surprise lorsqu'elle sentit une main venir se poser sur son postérieur.

Et si on jouait un peu, ma belle ?

La jeune femme s'arrêta net. Elle se retourna lentement, et envoya une droite en plein dans le nez du salaud qui l'avait touchée.

Retouche-moi espèce de porc, et tu finiras ta vie en fauteuil roulant.

Le jeune homme écarquilla les yeux et porta la main à son nez, en sang. Puis son expression se durcit. Visiblement, il n'avait plus envie de jouer. Alors que Suki commençait à reculer, il l'attrapa par les cheveux et la tira jusqu'à ce qu'elle soit collée à lui. Alors, il lui murmura à l'oreille ;

Tu vas vite regretter de t'être levée, ce matin, salope.

Le cœur de Suki rata un battement. Et merde ! Si elle n'avait pas eu le réflexe de sauver sa putain de dignité, elle n'en serait pas là, elle aurait même une chance de s'en sortir sans aucun problème. Mais maintenant qu'elle était sa "prisonnière", elle n'avait pas de moyen de s'esquiver. Et s'il se servait de ses pouvoirs contre elle ? Et si c'était un vampire ? Le bras de l'inconnu vint se poser contre sa gorge, l'obligeant à respirer bruyamment. Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Elle avait vu ça dans tellement de films. Si elle arrivait à mordre son bras suffisamment fort, il la lâcherait. Sa partie féline pouvait l'aider, ses canines étant bien plus pointues et donc dangereuses qu'à la normale. Elle ferma les yeux, et planta ses crocs dans la chair de l'homme, s'efforçant de ne pas lâcher prise de dégoût. Comme prévu, comme dans les films, il retira sa bras et Suki en profita pour partir en courant le plus vite qu'elle le pouvait. L'un des porcs resta près du doublement blessé, et les six autres se ruèrent derrière elle. Où pouvait-elle aller, maintenant ? Elle trébucha, manquant de tomber par terre. Foutus putains de talons ! Elle fit appel à toute sa nature de chat, tâchant de les distancer. Enfin, elle aperçut des escaliers contre la façade du bâtiment. Il fallait qu'elle monte sur le toit ! Elle grimpa les marches quatre à quatre, reprenant espoir. C'est à ce moment là que son talon la lâcha. Elle s'accrocha à la barrière de sécurité, prête à tomber dans le vide. Un rapide coup d'œil sous elle lui apprit qu'ils se rapprochaient d'elle. Elle reprit sa course, et, enfin, arriva devant la porte de service. Celle ci s'ouvrit difficilement, et Suki eut toutes les peines du monde à la refermer avant qu'ils ne se pointent devant. Elle la verrouilla rapidement, et entendit bientôt des coups rageurs sur la porte. Elle avait réussi. Mais comment pourrait-elle s'en aller maintenant... ? Ils l'attendraient sûrement, après ce qu'elle avait fait à leur ami.

A présent appuyée à la balustrade, elle observait la propriété de Shiinu. Elle attendrait jusqu'à ce que la nuit tombe, s'il le fallait.

Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule.

Réponse pour Suki-chou~

La vie de Tanaranth était vraiment monotone. Elle passait le plus souvent ses journées sur le toit, comme aujourd'hui. Ce qui lui plaisait le plus, c'est qu'à part quelques suicidaires innofensifs, jamais personne ne venait sur ce fameux toit qui était vraiment élevé. Ses activités n'étaient que très peu nombreuses. Elles se limitaient à lire un livre, s'occuper de son blog ou dessiner. Aujourd'hui, elle avait choisi l'option du dessin. C'est ainsi qu'elle était montée sur le toit un bloc de feuilles et un critérium à la main dès qu'elle avait vu les premiers rayons de soleil passer à travers ses rideaux. Assister au lever du soleil sur la mer était vraiment l'une des choses les plus belles qu'elle n'ait jamais vu. Tant par la beauté des reflets sur l'eau que par la douceur et la chaleur de cette scène. Au moins elle n'était pas heurtée par la température très peu élevée des matinées, elle sortait donc en chemise de nuit ou, si elle avait fait l'effort de s'habiller, d'un short et d'un t-shirt totalement amorphe. Ce jour-ci, son choix s'était porté sur sa chemise de nuit, trop courte à son goût, offerte par l'une de ses amies.
Seulement, ce matin-là, elle n'était pas seule lorsqu'elle était sortie du bâtiment. En effet, un groupe d'une dizaine de jeunes était stationné sur un muret et était en train de fumer une cigarette. Tanaranth passa devant eux sans y faire attention. Quelques millièmes de secondes plus tard, un des jeunes la siffla. Ce genre de choses avait bien le don d'énerver le spectre, même si ces derniers temps, celà n'était pas vraiment très dur. Comme effet immédiat, les cheveux bleu vif du spectre aurait du virer au noir ébène, seulement, cela faisait très longtemps qu'ils n'avaient été d'une autre couleur que noir. Elle se retourna et les identifia. Ils étaient huit. Huit de trop. Elle se demanda rapidement quel genre de torture elle pourrait bien leur faire subir.

C'est sûr que... A la voir en chemise de nuit, pieds nus et avec les cheveux lâches qui trainaient sur le sol, on pouvait se poser des questions. Un des garçons s'approcha, Tanaranth sourit intérieurement lorsqu'elle vit qu'elle le dépassait d'au moins 5 centimètres. Les hommes étaient vraiment petits ici. Il allait lui prendre la main lorsqu'elle eut un mouvement de recul :

- Ne me touche pas, espèce de larve de Tchernobyl.

Décidément, ses insultes n'avaient pas évoluées. Mais traiter les gens de la sorte d'animaux étaient vraiment son occupation favorite. Apparemment, celà ne plus pas à son interlocuteur qui lui lança :

L'idée d'être une reine ne déplaisait pas à Tanaranth, seulement, elle ne prit même pas la peine de relever et commença à repartir vers son objectif. A ce rythme-là, elle allait rater le lever du soleil. Elle sentit une main chaude qui attrapait son bras. Elle se retourna et vit le même agresseur qui tirait une sale face :

Après avoir vu le sourire injustifié du spectre, il lâcha immédiatement son bras et recula. Tanaranth utilisa son pouvoir pour le faire tomber en arrière. Il parut encore plus apeuré, se releva et partit en courant vers ses copains qui, eux, étaient mort de rire. La jeune fille continua son chemin mine de rien. Regardant rapidement l'horizon, elle vit que le soleil commençait vraiment à être haut. Elle se mit à courir et ouvrit la porte avec ses pouvoirs pour gagner du temps. Après avoir monté les marches quatre par quatre, elle arriva rapidement sur le toit. Par chance elle n'avait pas raté son spectacle quotidien. Elle s'appuya sur le garde-fou. Une fois le soleil entièrement levé, elle alla s'asseoir dans un coin et commença à dessiner. En ce moment, elle s'entrainait à dessiner des chats car elle adorait vraiment ces animaux. Ils étaient si... Parfaits... On avait presque l'impression qu'ils volaient lorsque qu'ils s'élançaient d'un endroit à un autre.
Cela faisait bien trois heures qu'elle dessinait, peut-être même beaucoup plus, lorsqu'elle entendit un souffle saccadé qui s'était installé près d'elle. Tanaranth leva la tête et vit une jeune fille avec les pieds meurtris, qui venait à peine de se rendre compte de sa présence. Un long silence s'installa avant que la jeune fille ne réagisse et ne dise d'une voix froide :

-Pourquoi es-tu ici ?

Dans le fond, ce n'était pas vraiment méchant, seulement, elle ne savait ni ce qu'elle pouvait bien dire d'autre, ni comment expliquer cette mysantrophie... Elle observa l'inconnue de la tête aux pieds. Apparemment, elle ne semblait pas avoir une tenue faite pour la solitude sur le toit. Elle n'avait pas non plus l'air d'une suicidaire. Après quelques minutes de réflexion, elle réfléchit et se dit qu'elle s'était peut-être faite agressé par les débiles à la cigarette. Après avoir pris une grande inspiration, le spectre lui dit :

-Tu t'es faite attaqué par des mecs louches toi aussi ?

En réalité, Tanaranth ne s'était pas faite agressée car son seul opposant l'avait fuie après un simple contact. En attendant la réponse de la jeune fille, elle remit la tête dans ses dessins. Elle dessinait ses amis, en faisant Aki et Kara. Elle avait déjà fait Leïko et la blonde de la boutique. D'un instant à l'autre, elle avait complètement oublié qu'elle avait une discussion en cours et continuait ses activités premières.

Suki observa cette jeune femme, criterium à la main, qui semblait être en train de dessiner avant son arrivée. Elle avait la peau étrangement pâle, les cheveux étrangement longs et le regard étrangement froid. Elle lui demanda sans plus de chaleur ;

Pourquoi es-tu ici ?

La neko s'adossa à la barrière afin d'être face à l'inconnue. Visiblement, elle était entrée sur le territoire de la brune, comme l'indiquait la familiarité avec laquelle elle semblait s'être installée là. Au moins, si elle avait encore à s'enfuir, cette fois-ci la tâche serait amplement plus facile. Il n'y avait devant elle qu'une fille, à peine femme. Si elle s'était débarrassée de huit cons, une conne serait jouable. Mais évidemment, Suki considérait là le pire des cas, il était possible qu'elle se fiche totalement qu'elle soit là ou non. Avant qu'elle ait pu s'expliquer, l'autre jeune femme reprit la parole.

Tu t'es faite attaqué par des mecs louches toi aussi ?

Question à laquelle Suki répondit sans réfléchir, repensant à la main sur son derrière;

Par des gros connards, oui !

Elle se mordit la lèvre en maudissant son habituel vocabulaire vulgaire, craignant une expression scandalisée chez son interlocutrice. Elle enchaîna donc de suite ;

Enfin... Apparemment tu t'en es mieux sortie que moi.

En effet, rien chez la jeune fille n'aurait pu trahir une quelconque attaque. Il est vrai, comme venait seulement de le remarquer Suki, que sa tenue était quelque peu... Singulière. Elle avait même l'apparence d'une chemise de nuit... Pas étonnant qu'elle ait aussi eu affaire à la bande. Ou bien... ? Non.. Les yeux de la brunette s'étrécirent. Et si ils étaient allés la chercher dans sa chambre ? Ou l'avaient interceptée alors qu'elle se rendait... Au réfectoire ? Ses cheveux étaient lâches, pas vraiment décoiffés, pas coiffés non plus. Mais ce n'était pas plausible. Quelqu'un l'aurait forcément remarqué. Sauf si elle s'était levée tôt...
Ou bien tout simplement, elle avait observé une autre fille se faire courser, et avait deviné que Suki était dans la même situation. Afin d'en être sûre, elle lui posa simplement la question.

Hum, si tu as toi aussi été emmerdée... ?

Elle se rendit compte seulement maintenant qu'elle attendait une réponse que la fille s'était remise à dessiner. Elle resta à la regarder, la bouche entre-ouverte de stupéfaction. Un rideau de cheveux bruns l'empêchait d'observer son dessin. En voyant qu'elle prenait tout son temps pour lui répondre, Suki laissa échapper un marmonnement dans ce genre;

Okay... Tu me parles et tu m'écoutes même pas..

Avant de laisser échapper un soupir et de reprendre son observation du territoire de Shiinu. Elle resta cependant de profil, ne souhaitant pas que la fille croie qu'elle terminait la discussion en lui tournant le dos. Après tout, elle était sa rencontre la moins hostile de la journée.

Tanaranth écoutait attentivement son interlocutrice même s'il en pas vraiment l'air. Elle venait de finir son dessin et tourna la page, pour commencer un autre dessin, seulement, elle ne savait pas trop quoi dessiner. Elle restait là alors que l'inconnue s'était tue. Elle reprit alors la parole, voyant que le spectre restait devant sa page blanche :

« Okay... Tu me parles et tu m'écoutes même pas.. »

Elle s'était ensuite semi-retourné, pour observer le paysage. Tanaranth lui dit alors :

- Je t'écoute et je répondrais à toutes tes questions, mais avant pourrais-tu poser pour moi s'il te plaît ?

Cette phrase lui semblait vraiment familière... Seulement, elle n'avait jamais dessiné avant. Le spectre s'était levé d'étonnement. Tanaranth fit mine de s'être levée pour être à la hauteur de l'inconnue. Elle se rendit compte alors qu'elle faisait presque sa taille, ce qui est assez étonnant pour une pensionnaire de Shiinu. Elle enchaîna donc en disant :

- Tout d'abord, je m'appelle Tanaranth, même si tout le monde m'appelle Tana'. Ensuite. Oui, je me suis faite agressée et oui je m'en suis mieux sortie mais... Pas très loyalement... Je vais tout te raconter puisque j'en suis là. J'étais dehors avant le lever du soleil car je tiens à le voir tout les matins. Seulement, aujourd'hui, un groupe de chimpanzés en chaleur attendait devant les portes de la pension et comme tu peux le voir, je suis en chemise de nuit car, habituellement, il n'y a personne le matin et comme je vais sur le toit qui est désert, cela ne vaut pas vraiment la peine de m'habiller. Donc je reprends. J'étais sortie quand tout à coup, un des crétins commence à m'aborder, il s'approche et veut me prendre la main, par reflexe je recule de plus d'un mètre en le menaçant. Apparemment il l'a très mal pris. Je suis ensuite repartie dans l'autre sens et il m'a prit le bras.. Seulement... Il a découvert quelque chose et est parti en courant...

Elle avait raccourci la fin de l'histoire, car ne tenait pas beaucoup à montrer sa vraie nature. Surtout qu'elle se considérait comme un monstre, même si cela était un peu parti à la suite de sa conversation avec Leïko.
En regardant à nouveau la jolie brune, elle remarqua que la tenue qu'elle portait était assez moulante... Le spectre se rassit et murmura, espérant que la jeune fille n'entendrait pas :

- Enfin, je ne comprends pas pourquoi ils ont continués à attaquer des filles après ce que j'ai fait...

Puis elle enchaîna plus fort :

- Je vois que tu es dans un sale état... Ils t'ont suivis ou quoi ?

Un long silence s'ensuivit et Tanaranth entendit des coups venir de la porte de service accompagné d'un magnifique "Ouvre salope!".

- Je ne vois même pas pourquoi j'ai posé la question. Je reviens... Ils ont vraiment besoin d'une bonne raclée.

Se levant promptement et sans demander l'avis de la brune, elle posa délicatement son bloc de feuilles, son critérium, ses mines et sa gomme à ses pieds, avant de partir en direciton de la porte, sans prendre compte de la décision de son interlocutrice. Elle avait presque oublié qu'elle devait poser pour elle et elle n'attendait même plus une réponse de la part de l'inconnue.

Je t'écoute et je répondrais à toutes tes questions, mais avant pourrais-tu poser pour moi s'il te plaît ?

Suki tourna la tête en direction de la jeune fille pour scruter ses traits. Non, elle ne semblait pas plaisanter. Après quelques secondes d'hésitation, elle s'adossa à la rambarde, un genou plié, les bras écartés en une position sensuelle au possible. Le sourire en coin et la tête légèrement tournée, elle s'imagina en train de poser ainsi, et si elle n'avait pas eut un sens du professionnalisme aussi élevé elle aurait sûrement éclaté de rire. Elle risqua un coup d'œil en direction de notre pro du dessin, qui s'était levée. Elle haussa les sourcils, la mine quelque peu déconfite, lorsque la fille débita toute son histoire.

Tout d'abord, je m'appelle Tanaranth, même si tout le monde m'appelle Tana'. Ensuite. Oui, je me suis faite agressée et oui je m'en suis mieux sortie mais... Pas très loyalement... Je vais tout te raconter puisque j'en suis là. J'étais dehors avant le lever du soleil car je tiens à le voir tout les matins. Seulement, aujourd'hui, un groupe de chimpanzés en chaleur...

Suki ne put s'empêcher de sourire à cette appellation.

...attendait devant les portes de la pension et comme tu peux le voir, je suis en chemise de nuit car, habituellement, il n'y a personne le matin et comme je vais sur le toit qui est désert, cela ne vaut pas vraiment la peine de m'habiller. Donc je reprends. J'étais sortie quand tout à coup, un des crétins commence à m'aborder, il s'approche et veut me prendre la main, par réflexe je recule de plus d'un mètre en le menaçant. Apparemment il l'a très mal pris. Je suis ensuite repartie dans l'autre sens et il m'a prit le bras.. Seulement... Il a découvert quelque chose et est parti en courant...

Suki croisa les bras tandis qu'elle s'asseyait et continuait son discours. Ah oui ? Il a découvert "quelque chose", vraiment ? Voilà qui est très explicite. Alors que Suki allait lui répondre, la dénommée Tanaranth se releva et se dirigea vers la porte toujours martelées de coups par la bande de malades, avec la ferme intention de se venger, visiblement, ou de la venger. Dans tous les cas de s'occuper d'eux. Suki se mordilla la lèvre inférieure, pensive. Cette fille était vraiment bizarre. On aurait pu la qualifier de lunatique - sur les bords. En l'espace d'une seconde, changeait complètement de centre d'intérêt, oubliant le précédant, puis l'abandonnant pour un autre encore. Quant à sa décision de leur mettre une raclée, Suki émit un petit ricanement.

Tu crois vraiment que tu pourras leur faire le moindre mal ? Tu es qui, au juste, pour pouvoir penser être à la hauteur face à une bande de huit adolescents bourrés d'hormones ?

En même temps qu'elle posait cette question à sa toute nouvelle connaissance, elle se posa la question à elle-même. Qui était-elle... Ou bien qu'était-elle ? Il était tout à fait possible qu'elle soit une sorte d'organisme bizarroïde à forme humaine avec des pouvoirs hors du commun. Persuasion tactile, par exemple ! Ce qui expliquerait du même coup son histoire. Mais même dotée de ce pouvoir, la jeune femme n'avait aucune chance face à eux - qui, eux aussi, pouvaient très bien avoir des dons puissants. Suki reprit donc, s'avançant avec prudence de quelques pas en direction de la porte et de Tana ;

Hum, okay, qui ou quoi que tu sois, ils sont huit, ils peuvent être armés, naturellement ou pas, et tu es seule... Bon, et nous sommes deux, à la rigueur. Quoi qu'il en soit je pense qu'il vaudrait mieux ne pas trop se la ramener et garder un minimum de dignité - et de santé - en attendant sagement qu'ils s'en aillent.

Après avoir attendu quelques secondes que son avis pénètre bien l'esprit de Tanaranth, Suki leva les deux mains, paumes face à la fille en un geste d'impuissance.

Bien sûr, ce n'est que mon avis. Fais bien ce que tu veux, tant que ne m'attires pas d'embrouilles.

« Tu crois vraiment que tu pourras leur faire le moindre mal ? Tu es qui, au juste, pour pouvoir penser être à la hauteur face à une bande de huit adolescents bourrés d'hormones ? »

Tanaranth s'arrêta brusquement en entendant les paroles de l'inconnue. Elle avait raison. La réaction du spectre était purement arrogante. Son interlocutrice enchaina :

« Hum, okay, qui ou quoi que tu sois, ils sont huit, ils peuvent être armés, naturellement ou pas, et tu es seule... Bon, et nous sommes deux, à la rigueur. Quoi qu'il en soit je pense qu'il vaudrait mieux ne pas trop se la ramener et garder un minimum de dignité - et de santé - en attendant sagement qu'ils s'en aillent. »

De santé ? Ce n'est pas le genre de chose que Tanaranth pouvait perdre facilement. Elle cacha le sourire qu'elle arborait. Comme s'il pouvait la blesser. Et puis, ils ne sont plus huit, y'en a un qui a trop peur du spectre pour l'attaquer. Enfin, si ça pouvait faire plaisir à l'inconnue.

« Bien sûr, ce n'est que mon avis. Fais bien ce que tu veux, tant que ne m'attires pas d'embrouilles. »

La jeune fille décida donc de retourner dessiner, seulement pour faire plaisir à l'inconnue. Il ne valait mieux pas qu'elle se blesse

- Bon, bah je vais les laisser tranquille si tu insistes tant.

Tanaranth retourna à son bloc de dessins et se rassit sur le sol froid. Elle dessina son interlocutrice dont elle ne connaissait ni le nom ni le prénom. Elle décida donc de le lui demander gentiement quel était son prénom :

- Au fait, comment t'appelles-tu ?

C'est vrai après tout, Tanaranth lui avait dit son nom alors que son interlocutrice non. D'ailleurs, toute deux ne savaient rien l'une de l'autre. C'est à peine si elles pouvaient se reconnaître dans la rue. La mine du critérium glissait sur le papier et c'était le seul bruit que l'on pouvait entendre avec le tambourinement à la porte qui, pour le bien des nerfs de Tanaranth, devait s'arrêter au plus vite avant qu'elle ne fasse une bétise. Après tout elle avait vraiment envie de tordre le cou à quelqu'un et ces personnes étaient celles qui le méritaient le plus.
Soudain, ce fut le silence complet et total. Ils semblaient enfin avoir déguerpis. Enfin. Le silence, voilà une des choses que Tanaranth aimait par dessus tout.

Les paroles de la neko semblèrent convaincre Tanaranth, laquelle retourna tranquillement dessiner. Une fois de plus, elle semblait avoir complètement changé de point de vue en l'espace de quelques secondes. Peut-être était-elle tout simplement facilement influençable. Mais elle changea bien vite d'activité pour regarder Suki.

Au fait, comment t'appelles-tu ?

Question qui arracha un sourire à la neko. C'est vrai qu'elle ne s'était même pas présentée, après avoir écouté la présentation de Tanaranth d'une demie heure. Elle s'apprêtait à lui répondre, lorsqu'un bruit vint la couper dans son élan. Ou plutôt, une absence de bruit. Suki esquissa un pas en direction de la porte de métal, tendant l'oreille, mais la bande semblait bien être partie - ou alors était-ce un silence stratégique dans le but de les surprendre lorsque les deux jeunes femmes sortiraient dehors... Mais elle en doutait.
Soudain ragaillardie, elle reporta son attention sur Tanaranth et lui lança gentiment ;

Je crois que ma stratégie a payé !

Elle fourra les deux mains dans ses poches et se rapprocha d'elle, sans vraiment la regarder, poussant du bout du pied ses escarpins abandonnés par terre. Elle releva finalement la tête et ajouta dans un sourire ;

Je m'appelle Suki.

Et aussitôt, comme s'il voulait lui aussi se présenter, son ventre se manifesta bruyamment. Après avoir éclaté de rire, Suki plaça une main sur son ventre et le présenta donc ;

Et j'ai faim toutes les heures en moyenne.

Ce qui n'empêche pas une taille de guêpe, se retint-elle de dire afin de ne pas passer pour une fille superficielle et égocentrique - qu'elle était "un peu" "sur les bords", avouons le. La jeune femme sortit son portable, rangé au fin fond de son sac, et consulta l'heure ; 12h. En effet, Suki avait beau toujours être en retard pour tout, son ventre, en revanche, était toujours à l'heure lorsqu'il s'agissait d'exprimer sa faim.

Dis-moi, ça te tenterait qu'on aille se manger quelque chose ensemble ? Ils semblent être partis, supposa-t-elle avec un coup d'œil en direction de la porte, mais on est jamais sûr trop lorsqu'il s'agit de faire face à... Ce genre d'énergumènes. Et puis, ça nous donnerait l'occasion de continuer à faire connaissance. Non... ?

Elle laissa sa question en suspens et sourit le plus chaleureusement qu'elle le pouvait à Tanaranth.

« Je crois que ma stratégie a payé. Je m'appelle Suki. »

Suki, quel joli prénom. Cela ne voulait pas dire quelque chose en japonais ? Enfin peu importe. Elle était fière que sa stratégie aie payée. Après tout, si Tanaranth y était allée peut-être aurait-elle était blessée ? Mais qu'est-ce qu'elle racontait, elle ne pouvait pas être blessée...

« Et j'ai faim toutes les heures en moyenne. »

En voilà une bien étrange personne, faim toutes les heures alors qu'elle ne semblait pas bien grosse ? Tanaranth n'avait jamais faim et manger l'ennuyait vu qu'elle n'y trouvait pas une quelconque utilité. Cependant, Suki lui proposa d'aller manger quelque part. Le spectre n'était pas contre, après tout elle n'avait vu personne depuis si longtemps. En un sourire, ses cheveux revirèrent à leur bleu éclatant et elle lui dit :

« Tu devrais d'abord reprendre des chaussures non ? »

En effet, c'était une assez bonne perspective vu que se balader dans la pension pieds nus n'était pas l'idéal. Tanaranth se leva et mit son bloc de dessins sous le bras et son critérium dans sa poche.

« Alors, on va où ? »

Elle avait enfin trouvé une personne avec qui passer le temps. Quelqu'un qui ne l'évitait pas. Quel bonheur! Elle ne savait cependant pas trop quoi dire. Elle lui dit alors :

« Peut-être devrais-je passer au dortoir pour m'habiller moi aussi ? »

Tanaranth regarda sa simple robe de chambre et se dit que c'était la seule chose à faire. Elle ne pouvait vraiment pas sortir dans cette tenue.

Un sourire... Suivi d'un changement radical. Suki en resta muette. Son visage, non, la jeune fille toute entière s'était illuminée suite à sa proposition. Les traits de son visage étaient tirés en une expression honnêtement réjouie, ou tout du moins gaie, mais surtout le noir ébène des longs cheveux de Tanaranth s'était métamorphosé en un magnifique bleu. Certes, cette étrange couleur avait le mérite de lui donner une allure... Très, très original, mais elle n'en était pas moins magnifique. Magnifique d'accord, mais... Comment ses cheveux avaient-ils pu changer de teinte comme ça, sans qu'elle n'ait esquissé le moindre geste ? Elle n'en avait jamais fait l'expérience, mais des amis lui avaient raconté que certaines personnes, souvent des vampires en fait, pouvaient changer instantanément et involontairement de couleur d'iris. Mais de couleur de cheveux... C'était encore plus voyant. Mais la neko rangea son sourire curieux, et se promit de la questionner à ce sujet un peu plus tard, lorsqu'elles auraient fait un peu mieux connaissance et seraient plus "en confiance".

Tu devrais d'abord reprendre des chaussures non ?

Suki baissa les yeux sur les cadavres qu'étaient presque devenues ses chaussures et les observa d'un air dépité. Peut-être arriverait-elle à les arranger... Peut-être pas. Mais elle les aimait tellement qu'elle garda espoir et les rangea bien précieusement dans son sac. Elle acquiesça en regardant de nouveau Tanaranth - quoi qu'elle fixait plus les cheveux que les yeux de cette dernière.

Ce serait mieux en effet.

Par contre, cela voulait dire qu'elle allait devoir repasser par l'appartement... Qui était assez éloigné de la Pension. Mais elles pourraient peut-être aller manger dans le coin, afin de leur éviter un trop gros détour. Mais, étant donné que Suki n'habitait pas dans ce quartier depuis très longtemps, elle ne connaissait pas trop les lieux, et n'avait aucune idée du restaurant dans lequel elles pourraient aller... Alors qu'elle en était à ces réflexions, Tanaranth intervint.

Alors, on va où ?

Très bonne question, eut-elle envie de lui répondre. Cependant, une idée se développa dans son esprit. Plutôt que d'aller à l'appartement et s'emmerder à chercher un restaurant certainement hors de prix et de mauvaise qualité, autant rester à l'appartement et... Prouver du même coup à Tanaranth qu'elle était une bien piètre cuisinière. Mais ce n'était qu'un détail. Ça pourrait être sympa. Mais avant qu'elle ait pu exposer son idée à la femme-aux-cheveux-bleus, celle-ci ajouta ;

Peut-être devrais-je passer au dortoir pour m'habiller moi aussi ?

Suki lui sourit et hocha vivement la tête. Il valait mieux, si elles ne voulaient pas se faire accoster de nouveau... D'une voix engageante, elle lui proposa ;

Et ensuite, pourquoi ne pas simplement aller manger chez moi ? Je ne te promet pas la qualité d'un chef cuisinier, mais je devrais bien réussir à faire quelque chose de mangeable...

Évidemment, elle exagérait un peu, elle savait quand même faire... Des pâtes, des steak hachés... Même des boîtes de conserve ! Non, plus sérieusement, si elle n'était pas très douée en cuisine mais elle n'était pas non plus inapte.