Déclaration ratée. [PV Fû-chan qui vient foutre la merde >< ! ]

Déclaration ratée.

Romain était affalé nonchalemment dans un fauteuil, ses bras posés sur les accoudoirs. Ses longues mains blanches osseuses pendaient de ses poignets souples, et ses jambes, recouvertes par un

~~moult-cul~~

slim

~~très~~

moulant étaient croisées. Il ne pensait à rien de particuler. A peine si il était curieux. Il attendait, simplement. Il attendait que Bastien lui dise ce qu'il devait lui dire depuis déjà trois jours.
L'ange, quand à lui, faisait les cents pas devant le fauteuil en question. Il transpirait à grosses gouttes

~~on se demande pourquoi~~

, ses cheveux étaient pour une fois ébouriffés

~~mais pourquoi donc ? : O~~

, et il semblait plus nerveux que jamais

~~hum~~

.
En effet, son démon

~~rien qu'a lui~~

n'était pas très fut fut, et n'avait pas compris

~~qu'il voulait profiter de lui~~

l'amour insensé que l'ange lui portait

. Certes, au début, il l'avait énormément soupçonné, et même deviné. Mais il ne voulait pas voir la réalité en face. Et, de jour en jour, Bastien avait appris à cacher cet amour, et malgré toutes les fois ou il rougissait, ou il baffouillait, le démon n'avait pas pris ça au sérieux. Et il fallait que ça cesse. Il voulait lui dire. Lui avouer. Lui faire voir la réalitée en face de ses yeux noirs. Tant pis si le démon le rejetait, du moment qu'il ne l'ignorait pas... Et puis, d'après ce qu'il lui avait dit, Romain était à ses ordres, et il pouvait lui demander ce qu'il voulait

et il lui demanderai de ne pas l'ignorer

... Il avait pris sa décision. Et plus rien ne l'en empêcherai. Sauf peut-être quelqu'un, qu'il ne soupçonnait même pas... Il prit son inspiration.

Romain.

[HRP > Réponds vite vite \O/ ! Et désolée pour toutes les annotations. J'ai pas pu m'empêcher XD Et tant pis si il y a plus de textes barrés que de rp. J'ose même pas compter les lignes T-T Tant pis.]

La La La La La !!

Fûka chantonnait joyeusement. Elle avait passé une excellente journée. Elle s'était levée le matin avec un sentiment de bien être, celui que procure le fait d'avoir passé une bonne nuit. Elle s'était douchée longuement, comme à son habitude, était descendue, un livre à la main, à la cafétéria pour prendre son petit déjeuner. Elle remarqua, elle passant devant un fenêtre, qu'une couche de glace recouvrait la Pension, et, d'aussi loin que pouvait en juger la sorcière d'eau, le village. Elle sourit, songeant à la bonne idée qu'elle avait eu de transférer ses plantes médicinales dans la véranda. Elle comprit la raison de son sentiment de bien être : la glace était de l'eau, qui courrait en abondance autour d'elle. La journée n'obscurcit pas son bonheur, car elle reçut de bonne notes et ses profs la félicitèrent, lui souhaitant de rester dans le même état d'esprit le reste de l'année. Elle sortit de la Pension, volant sur son balai, chose qu'elle faisait pourtant rarement, pour éviter de glisser sur le verglas -la sorcière se connaissait.
Ayant fini son service à la boutique de magie, elle s'envola vers Shiinu, souhaitant rendre visite et souhaiter une bonne année à l'infirmière Belde.
Voilà donc la joyeuse et jolie journée de la jeune fille aux cheveux bleus (et tant pis si vous vous en foutiez :p)
Fûka se poussait maintenant la baie vitrée menant à la véranda, lorsqu'elle sentit un curieux frisson lui parcourir la colonne vertébrale. Un mélange de... d'intimidation, comme celui qu'elle ressentait en présence d'Akimito et un mélange de... douceur ? Comme celui que dégageait Maël. Un ange et un démon ? Ensemble ?
Elle entendit une voix belle et douce dire avec courage :

Romain.

Et elle entra. Elle s'efforça d'être discréte, il faut le reconnaître. Mais Fûka était une "pas douée" et ce n'est pas de sa faute si elle trébucha elle s'étala sur le garçon, aux yeux si bleus et si pâles, comme elle s'en rendait compte maintenant. Elle se releva précipitamment.

Haaa @@ Excusez moi ! Je suis vraiment désolée... Je...

Ses yeux exprimaient vraiment sa confusion mais son visage restait quand même de marbre. Bref, Fûka était Fûka. On ne la referait pas, malheureusement pour le pauvre Bastien.
Elle s'éloigna quelque peu et s'inclina, à la manière de ses ancêtres japonais.

Fûka Hirakawa, sorcière d'eau. Enchantée !

HRP : Et voilà ! ;D Excuse les fautes d'ortho, pas de relecture car flemme Uu''

Ouaiiiiis ouais =D

Bastien ouvrit la bouche. Son coeur battait encore comme il ne l'avait jamais fait. Il allait se lancer. Ca y'est. Tout serait révélé. Mais à cet instant précis, un grand bruit survint, et l'ange eut juste le temps de se retourner pour voir des cheveux bleus et des yeux effarés fondrent sur lui. Il s'écroula à terre, la jeune fille inconnue s'étalant sur lui. Ses joues prirent une teinte rosie, qui disparut vite.
Juste en face, Romain n'avait pas levé le petit doigt. Il avait assisté froidement à l'arrivée de la fille, et seul ses yeux avaient réagis. Ses yeux noirs, cruels, si profond, si obsurs, s'étaient tournés vers elle. Son calme était limite frustrant. Ses intentions étaient pures, elle ne feraient pas de mal à Bastien. Tant mieux. Romain n'avait pas que ça à faire de sauver son crétin de sauveur d'ange.
Bastien, lui, remis de sa surprise, son premier reflexe fut de se tourner vers le démon, tandis que la fille se relevait. Il savait que l'annonce qu'il allait faire était foutue, et qu'il devrait remettre ça à plus tard. Il se releva, titubant, et essuya d'un geste ses vêtements. Il surprit le regard de Romain, et en vint à se demander si c'était pour le protéger qu'il se dirigeait vers la fille. Non. Non. Sinon, il se serait levé. Il fallait qu'il arrête d'avoir trop d'espoir. Seulement, l'espoir faisait partie de sa personnalité, et il ne s'en débarasserait pas aussi facilement.

Haaa @@. Excusez-moi ! Je suis vraiment désolée... Je...

La fille semblait sincère, malgré ça Bastien ne put s'empêcher de lui lançer un regard noir, qui rata son effet à cause de ses yeux si purs.

Fûka Hirakawa, sorcière d'eau. Enchantée !

Bastien fut stupidement étonnée d'apprendre que c'était une sorcière d'eau. Il répondit flaiblement :

Moi c'est Bastien, euuuh...

Il hésita sur le terme à prendre. Il sentit les larmes lui montaient aux yeux, même si il ne reggrettait en rien son choix.
Romain, qui avait remarqué ça, répondit à sa place :

C'est un ex-ange.

Puis il se leva, courbant la tête et plissant les paupières.

Je suis Romain. Son démon.

A cette annonce, Bastien retrouva un petit sourire.

Le jeune homme aux yeux si purs lui jeta un regard qui aurait dû être noir mais la jeune fille ne s'en aperçut pas.
Fûka se sentait mal à l'aise, elle avait l'impression d'avoir gênée quelque chose. Un je ne sais quoi dans l'atmosphère de la pièce qui la rendait tendue.

Moi c'est Bastien, euuuh...

Elle leva les yeux vers le garçon qui avait parlé. Le garçon aux yeux si purs et à l'aura si chaleureuse.

C'est un ex-ange.

Fûka se décala légèrement pour observer la personne qui avait parlé. C'était le mec au regard sombre et aux cheveux bruns, qui provoquait des frissons de peur dans le dos de la jeune fille.

Je suis Romain. Son démon.

Ah, c'est possible ça ?

Elle était surprise qu'un ange accepte de perdre son statut pour accueillir un démon. Une profonde amitié devait lié ces deux êtres pour nécessiter un tel sacrifice.
Fûka sourit tendrement. Ce genre de lien l'avait toujours attendrie, ce genre de relation fraternel entre garçons.

Vous devez vraiment bien vous entendre.

Ah, c’est possible ça ?

Elle semblait être surprise. Gardant son air blasé, Romain ne réagit pas, tandis que Bastien était de plus en plus mal à l’aise. Oui, c’était possible. Etrangement possible. Certaines images de son ancien domaine lui revinrent en mémoire, mais il les chassa rapidement.

Ca te manque, pas vrai ?
Non.
Si. Je le sais.
Rah ! Mais alors pourquoi tu me poses la question ?
Comme ça.

Puis il redevint muet. Bastien soupira tout seul. Cet existence ne serait vraiment pas facile…
Il releva les yeux, juste à temps pour surprendre le sourire de Fûka. Immédiatement, son cœur s’emballa. Aurait-elle put comprendre quelque chose. Il tenta de se calmer. Non c’était impossible. Ca avait beau être une sorcière, elle n’avait pas pu deviner. Aucune chance.

Vous devez vraiment bien vous entendre.
Oui… On peut dire ça comme ça, pensa t-il pour lui-même.
En effet, compléta Romain.

Il appuya son coude sur l’épaule de Bastien, qui resta de marbre, en un grand effort, et ne fit rien pour se dégager. Il avait déjà oublié ce qu’il était en train de faire avant cette interruption. En même temps, depuis leur arrivée, ils n’avaient pas rencontré beaucoup de monde, et ça faisait du bien de se sentir accueillis d’après l’ange. Il demanda, curieux :

Et toi, qu’est ce que tu venais faire ici ?

Il avait parlé d’une voix douce rassurante. Il sentait toujours le bras du démon posé sur son épaule et sa nuque.

Oui…
En effet

Le démon s'appuya sur l'épaule de l'ange, qui demeura impassible bien que le ténébreux ait l'air beaucoup plus lourd que lui.

Et toi, qu’est ce que tu venais faire ici ?

Fûka sourit. Elle avait presque oubliée ce qu'elle était venue faire là. Elle se dirigea vers les plantes médicinales, en contournant les deux garçons.

Je viens prendre soin de ces jolies plantes, elles servent à l'infirmerie et c'est moi qui m'en occupe depuis mon arrivée à la pension. Où plutôt, c'est moi qui en ai planté la plupart à mon arrivée à la Pension.

Fûka replongea dans ses souvenirs : elle avait passé tellement d'après midi avec Sara, qu'il pleuve où qu'il neige à prendre soin de plantes de ce genre. Les gens qui travaillait aux vignes des Hirakawa avaient besoin de ces remèdes, la plupart n'ayant pas assez d'argent pour se payer un gramme d'aspirine. Sara était la seule à savoir s'en occuper, c'était pour ça qu'on la respectait. Et elle avait transmit son savoir à Fûka. La jeune sorcière d'eau sourit tristement. Depuis quelques temps, elle ne recevait plus aucune lettre de sa nourrice. Elle avait peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Son père était tellement violent.
Fûka fit parcourir de petites volutes d'eau le long de sa main. Il neigeait à l'extérieur, son pouvoir en était décuplé. Doucement, elle arrosa chacune des plantes en prenant bien soin d'épargner les feuilles à l'une ou de mouiller le pistil d'une autre.
Elle se leva pour aller chercher du terreau, absorbée par sa tâche. Elle en avait presque oublié les deux nouveaux pensionnaires.

● Fûka leur offrit un large sourire.

Je viens prendre soin de ces jolies plantes, elles servent à l'infirmerie et c'est moi qui m'en occupe depuis mon arrivée à la Pension. Ou plutôt, c'est moi qui en ai planté la plupart à mon arrivée à la Pension.

Romain haussa un sourcil. Elle parlait des plantes comme si c'était... Un être cher, ou même ses enfants. D'accord, elles étaient vivantes, mais tout de même... Lui n'avait pas l'habitude de la verdure dans son ancien monde grisâtre et desséché. Mais Fûka au contraire semblait être à l'aise avec la nature.

Il jeta tout de même un regard rapide vers ces "jolies plantes". Il semblait y avoir différentes espèces. Certaines aux feuilles plus larges, d'autres encore pleines de fleurs colorées. Le démon détestait admettre ses faiblesses, mais il fallait avouer qu'il ne connaissait strictement rien dans ce domaine.

● Sur le visage de Bastien se dessinait le reflet du sourire qu'arborait Fûka. Il pouvait sentir le mince filet de vie palpitante qui s'échappait de tous les éléments constituant la nature. Malheureusement, depuis qu'il était sur Terre, cette sensation avait considérablement diminué. Il fallait dorénavant qu'il se concentre profondément pour percevoir cette maigre étincelle de vie. Il fit un pas vers les plantes, et les effleura de son doux regard. Fûka semblait en prendre grand soin, et tant mieux. Il se dit qu'il aimait ce coin, ou les flocons de neige s'écrasaient doucement sur les vitres de verre de la véranda, et ou tout semblait si calme, en toute circonstance...

Fasciné, il observa l'eau magique s'échapper doucement des doigts fins de Fûka, et se répandre sur la terre friable. Les gouttelettes glissaient légèrement, et aucune ne tombait par mégarde sur une feuille ou fleur. Une fois sa tâche accomplie, elle se retourna, fit quelques pas, et saisit un sachet de terreau.

Bastien se racla la gorge, et se décida à prendre la parole :

Ces plantes... Elles ont vraiment des vertus médicales ?

Il était très curieux d'en apprendre plus.

● Romain se rassit sur le fauteuil d'ou il s'était levé quelques instants plus tôt. Il attendait que la conversation prenne une tournure plus ... Intéressante.

Ces plantes... Elles ont vraiment des vertus médicales ?

La question fit sursauter Fûka. Elle se rendit compte que l'ange avait une voix très douche et chaleureuse, avec des intonations d'enfants mais adultes à la fois. Une fois qui aspirait à la confiance. Elle réfléchit avant de répondre :

Certaines ont même le pouvoir de séparer deux êtres liés.

Elle s'assit à même le sol, tournant le dos aux deux hommes. Les flocons s'écrasaient derrière les grandes fenêtres de la véranda. En cette instant, Fûka se sentait paisible. Elle expliqua, toujours en prodiguant des soins :

Je crois... qu'avec la bonne plante et la bonne formule... On peut arriver à tout réaliser. Il suffit parfois d'une étincelle de magie et d'un mot prononcé au hasard pour changer les propriétés de telle ou telle fleur. Naturellement, certaines utilisations demandent concentration et il faut parfois faire macérer une feuille pendant 10ans pour pouvoir l'utiliser dans un puissant contre sort... Néanmoins...

Elle s'approcha d'une rose d'un rouge écarlate. Les pétales délicates commençaient à s'affaisser quelque peu et les feuilles se craquelait. Les mains de Fûka soulevèrent délicatement les pétales. Une lueur bleu émanait des doigts de la sorcière d'eau, créant des reflets violets sur les pétales de la rose.

Amour... murmura Fûka.

La fleur se redressa subtilement et les craquelures disparurent. Alors, Fûka prit une paire de ciseau et coupa la rose à sa racine. Ensuite, elle se retourna vers Bastien et la lui tendit :

Elle fera naître l'amitié. Je crois que ton ami en a besoin.

Ensuite, elle murmura à l'oreille de l'ange :

Et, si une fille te plaît, n'hésite as à lui offrir. Même si l'amour passionnel est incontrôlable, toute relation basée sur un cadeau (encore plus s'il s'agit d'une fleur -et une rose est symbole de l'Amour) est prometteuse.

Elle s'éloigna vers la porte, en disant ;

J'espère ne pas trop vous avoir ennuyés avec mes histoires ! (coup d'oeil à Romain, affalé sur le fauteuil) Bientôt, c'est le bal de printemps. Je pense qu'on se reverra là bas, n'est-ce pas ?

Elle espérait une réponse.

Oh,

pensa-t-elle

, j'aurais pu leur faire visiter la pension... J'étais tellement absorbée par les fleurs...

● Fûka se retourna brusquement, et répondit après un moment de réflexion :

Certaines ont même le pouvoir de séparer deux êtres liés.

Bastien ne réagit pas. Il avala simplement sa salive, espérant de tout son cœur que son démon ne le voulait pas. Heureusement, il semblait ne pas avoir entendu, et son air absent ne changea aucunement à son grand soulagement. La sorcière se replaça ensuite face à la vitre, et s'assit légèrement par terre, avant de continuer :

Je crois... Qu'avec la plante et la bonne formule... On peut arriver à tout réaliser. Il suffit parfois d'une étincelle de magie et d'un mot prononcé au hasard pour changer les propriétés de telle ou telle fleur. Naturellement, certaines utilisations demandent concentration et il faut parfois faire macérer une feuille pendant 10 ans avant de l'utiliser dans un puissant sort... Néanmoins...

Elle se rapprocha d'un bac contenant plusieurs roses, blanches, jaunes... A son grand étonnement, il y en avait même une bleue verte, qui semblait étinceler. Mais Fûka ne la regarda même pas. Elle saisit avec une douceur infini la seule fleur qui semblait en mauvais état. Hormis ce fait, c'était une des plus belles. La jeune fille entoura les pétales fins de ses doigts, d'ou une lumière bleuté s'échappait. Elle murmura, si doucement que Bastien faillit ne pas l'entendre :

Amour...

Le ton qu'avait employé Fûka pour chuchoter ce mot était étrange, et semblait lui donner vie. Sa voix avait été puissante, mais dur, et pourtant douce. C'était inexplicable. La lumière bleue s'intensifia, et la fleur reprit rapidement des forces : ses feuilles redevinrent d'un vert pétillant, et se rehaussèrent. Les rares épines qui ornaient la longue tiges s'allongèrent, mais leur pointe restaient douces. Et les pétales reprirent vie, s'ouvrant un peu plus. La rose était maintenant d'une rare beauté, et majestueuse. Fûka saisit un ciseau. Bastien voulut l'en empêcher, pourquoi arracher à la nature une de ses si belles créations ?! Mais il n'en eut pas le temps. La fleur fut coupée avec précision au niveau de ses racines. La sorcière d'eau la prit et la tendit immédiatement à Bastien.

Elle fera naître l'amitié. Je crois que ton ami en a besoin.

Elle se pencha légèrement vers l'oreille de Bastien, qui, cette fois, ne rougit pas.

Et, si une fille te plaît, n'hésite pas à lui offrir. Même si l'amour passionnel est incontrôlable, tout relation basée sur un cadeau (encore plus si il s'agit d'une fleur -et une rose est symbole de l'Amour-) est prometteuse.

Bastien avait les temps qui bourdonnaient. D'abord, pourquoi lui avait-elle offert ?! C'était un cadeau... magnifique ! Inestimable ! Surtout qu'ils se connaissaient à peine... Et puis... Ce que la jeune fille lui avait dit... Il baissa les yeux, se dit qu'il y réfléchirait plus tard. Il sentait le regard rougeoyant qui le scrutait, qui espionnait ses réactions et ses pensées. Il ne se retourna pas, cherchant à tout prix à éviter ces regards. Fûka s'éloigna vers la porte.

J'espère ne pas trop vous avoir ennuyé avec mes histoires ! Bientôt, c'est le bal de printemps. On se reverra là-bas, n'est-ce pas ?

Bastien réagit au quart de tour.

Eh ! Mais... Attends !

Il l'attrapa par la manche, avant de la relâcher rapidement.

Je ... Je veux dire, merci ! Ce cadeau me fait très plaisir, il est splendide... Je m'en servirait à bon escient ! Vous... Il hésita. Tu m'as appris beaucoup de choses, et les plantes m'intéressent énormément. J'espère qu'on se reverra bientôt...

Il allait la laisser partir, quand il se ravisa.

Euh... Je peux te demander encore un service, si tu veux bien ?! Nous connaissons la Pension, pour l'avoir déjà visité, mais... Nous venons d'arriver, et on n'a pas ... On n'a pas réussi à trouver les dortoirs, avoua t-il. Tu pourrais nous aider ?

En effet, l'orientation n'était pas son fort, surtout sur Terre, et il avait bien du mal à trouver l'endroit ou dormir.

Romain avait observé tout la scène en silence, toujours désintéressé par la conversation. Il avait lancé une moue narquoise à Fûka lorsqu'elle l'avait regardé, demandant si elle ne les avaient pas trop ennuyés. Il jeta un coup d'œil à l'ange, et soupira. Il semblait passionné lui aussi par ces maudites fleurs. Il avait aussi pensé au fait qu'il était possible qu'il se sépare de Bastien. A quoi bon ? Une fois sans corps pour s'abriter, il mourrait. Il aimait bien trop la "vie" pour ça. Il vit également la rose que la fille avait offerte à Bastien. Mais il n'était absolument pas persuadé de l'étendue de ses pouvoirs. Ce n'était qu'un vulgaire sortilège de pacotille, selon lui. Rien d'autre. Il soupira de nouveau quand Bastien demanda de l'aide. D'accord, ils avaient besoins de trouver ces foutus dortoirs, mais si c'était pour parler nature tout le long du chemin, c'était même pas la peine. Il décida d'intervenir, beaucoup plus poliment que ses pensées :

Effectivement, cette Pension est un labyrinthe, et nous avons un peu de mal à nous y retrouver... Lui, il la vouvoya comme à son habitude sans aucune hésitation. Nous accepterions votre aide avec reconnaissance, mais n'avez vous pas quelque chose à faire ? Vous sembliez pressée...

Il la vouvoyait, certes. Néanmoins... Un pointe d'ironie perçait dans sa voix. A la limite de l'acceptable : on entendait le ton moqueur, mais pas assez pour l'accuser. Enfin, normalement...

Fûka allait partir lorsque la main délicate du garçon aux yeux bleus la retint. Elle s'arrêta alors qu'il la relâchait. Fûka le regarda avec étonnement. Elle avait pourtant eu l'impression de les avoir profondément ennuyés, surtout le démon qui se prélassait toujours dans son fauteuil, un sourire moqueur aux lèvres.
L'ange bafouilla :

- Je ... Je veux dire, merci ! Ce cadeau me fait très plaisir, il est splendide... Je m'en servirait à bon escient ! Vous...

Il hésita. Fûka allait lui dire de la tutoyer, après tout, ils devaient avoir le même âge, à quelques années près, lorsqu'il reprit :

-Tu m'as appris beaucoup de choses, et les plantes m'intéressent énormément. J'espère qu'on se reverra bientôt...

-... ?

La question de Fûka mourut sur ses lèvres, car l'ange continua avant qu'elle n'ai au le temps d'ouvrir la bouche. Il semblait... préoccupé et comment dire... ? Un peu gêné.

- Euh... Je peux te demander encore un service, si tu veux bien ?! Nous connaissons la Pension, pour l'avoir déjà visité, mais... Nous venons d'arriver, et on n'a pas ... On n'a pas réussi à trouver les dortoirs. Tu pourrais nous aider ?

Fûka cessa de sourire et rougit. Avouer se plus grande faiblesse à deux inconnus la dérangeait quelque peu. En fait, elle se sentait bien auprès de l'ange mais le démon ne semblait pas l'aimer. Pire, elle avait même l'impression qu'il la méprisait.
Il lui donna rapidement raison :

- Effectivement, cette Pension est un labyrinthe, et nous avons un peu de mal à nous y retrouver... Nous accepterions votre aide avec reconnaissance, mais n'avez vous pas quelque chose à faire ? Vous sembliez pressée...

Fûka serra les poings. Pour qui se prenait-il ? C'était une habitude de démons, ça, de détester autant les gens ? Leur savoir était-il si grand, étaient-ils si puissants qu'ils pouvaient prendre tout le monde de haut ?!
Pourtant, La Chose était plutôt gentille avec la sorcière d'eau. Bon, Fûka n'était pas sûre qu'il s'agissait d'un esprit mais... si, en réalité, elle en était presque sûre. Elle ne put s'empêcher de frôler la marque de son doigt, dur rappel de son passé en partie oublié.

Fûka décida de ne pas se laisser faire et répondit sèchement au démon :

- Si, effectivement, je suis assez occupée. Mais, moi

-elle appuya sur ce mot-

je n'hésite pas à rendre service aux gens et à les aider, même s'ils me paraissent ennuyeux ou ignorants.

Elle se tourna ensuite vers l'ange et lui dit avec un sourire penaud :

- Je suis désolée mais je possède un très mauvais sens de l'orientation... Je n'ai aucune idée de l'endroit où se trouvent les dortoirs. Habituellement, une sorte de... Chose prend le contrôle de mon corps quand j'en ai besoin et m'emmène à l'endroit désiré. Ou parfois pas et il finit toujours par m'arriver quelque chose de... bizarre.

Elle frissonna en pensant aux fois où La Chose avait prit le contrôle : à chaque fois, elle avait apprit quelque chose de nouveau sur son passé.
Elle n'avait pas hésité à confier son secret à l'ange : il avait l'air digne de confiance et... comment dire ? Elle se sentait bien à côté de lui. Exactement comme avec Maël.

Brusquement, la sorcière d'eau perdit son sourire et ses joues se teintèrent de rose. Bastien baissa les yeux, persudé d'avoir encore dit une bêtise. Il interrogea son démon du regard, mais celui-ci lui répondit par le même sourire énigmatique et amusé qui flottait en permanence sur ses lèvres pâles. Bastien tourna de nouveau la tête vers la fille et vit que son expression de gêne s'était transformé en un visage plus colérique. Ses sourcils étaient légérement froncés, ses yeux de glace se firent plus durent, et les jointures de ses doigts fermés blanchirent. Bastien, effrayé et étonné, ne mit pas longtemps à comprendre, en voyant le sourire plus large et les yeux brillants de Romain, à qui celà était dû. Avec ses paroles irréprochables mais vexante, il avait blessé la jeune fille, et celle ci avait décidée de ne pas se laisser faire. Il se promit d'en parler à Romain et de tenter de le faire changer d'attitude. La sorcière se tourna vers le démon et lui lança au visage :

Si, effectivement, je suis assez occupée. Mais moi, je n'hésite pas à rendre service aux gens et à les aider même si ils me paraissent ennuyeux ou ignorants.

Romain se leva et lança, mais avec moins de sarcasme de tout à l'heure :

Eh bien, quelle gentillesse ! Mais je n'ai rien dit pour mériter d'être traité d'ennuyeux ou d'ignorant, à ce qu'il me semble... En tout cas, merci quand même de votre aide...

Malgré ses yeux froids et son ton poignant, le démon était plutôt satisfait de la réponse de la jeune fille. Après tout, peut-être pourraient t-ils s'entendre... Enfin bon, ce n'était pas la peine d'aller jusque là. Il avait adopté cette attitude pour montrer à cette jeune fille qui se défendait plutôt bien qu'elle n'aurait pas le dernier mot avec lui...
Elle se retourna vers Bastien, et son regard se fit immédiatement plus doux, son sourire désolé. Décidemment, ce petit ange ammadouait vraiment tout le monde.

- Je suis désolée mais je possède un très mauvais sens de l'orientation... Je n'ai aucune idée de l'endroit où se trouvent les dortoirs. Habituellement, une sorte de... Chose prend le contrôle de mon corps quand j'en ai besoin et m'emmène à l'endroit désiré. Ou parfois pas et il finit toujours par m'arriver quelque chose de... bizarre.

Le petit ange, avec étonnement et une pointe de gêne, commenca sa réponse :

Oh, c'est pas grave, je compr...

Il fut brusquement interromput par Romain qui se retrouva subitement aux côtés de la jeune fille.

Le démon s'approcha de la sorcière, et la fixa profondément de ses yeux ou brûlaient des flammes froides.

Veuillez m'excuser, dit-il très sincérement.

Puis il glissa ses doigts sur la nuque de la jeune fille, et posa sa deuxième main sur son front. Il ferma les paupières, se concentra, et pendant quelques instants, parut briller d'une aura noire.

Bastien frissonna d'abord à la vue du contact que Romain entretenait avec la jeune fille, puis une vague puissante et maléfique le fit vaciller et s'écrouler à terre. Il se protégea les yeux de ses mains : la force qui émanait de son démon était dangereuse pour lui.

Romain, après quelques seconde, décolla ses mains de la peau de Fûka, et s'écarta légérement. Bien que son visage soit toujours le même, ses yeux trahissaient un profond étonnement. Puis, il sourit. Ainsi, la puissance qu'il avait ressentie chez la sorcière ne venait donc pas exactement d'elle-même.

Montre-toi, demanda t-il silencieusement.

L'esprit se fit attendre quelque minute, puis une jeune femme translucide, entourée d'un halo bleuté, et d'une rare beauté, apparue auprès de Romain. Celui-ci ne fut même pas surpris. Il faisait attention à ne montrer aucun signe extérieur de la présence de la fille aux autres ; lui seul pouvait la voir.

Je m'appelle Kami.

Romain ne répondit pas à la voix chantante.

Tu connaissais mon mari.

Il haussa un sourcil, intrigué.

Kaï, un vampire.

Romain la regarda franchement, s'assurant qu'elle ne mentait pas. Mais c'était la vérité. Cette femme était la fiancée de Kaï. Il ouvrit la bouche pour lui poser une question, mais Kami disparût aussitôt avec un petit sourire. Le démon fronça les sourcils. Il se laissa tomber sur le fauteuil, plongée dans ses pensées. Pourquoi l'esprit ne se montrait pas à Fûka ? Pourquoi avaient-elles toute deux une aura si semblable ? Il enfoui son visage dans ses mains, et finit par prendre une décision. Etre habitée par un esprit pouvait-être dangereux, et Kami semblait se manifester de plus en plus à Fûka. Elle avait le droit de savoir ce qu'était cette chose qui la contrôlait. Du reste, Romain était aussi puissant que Kami, il saurait se défendre au cas ou...
Il se releva rapidement, et jeta un regard à Bastien, affalé à terre, les yeux hagards. Il soupira, s'approcha, et lui tendit la main.

Bastien, étourdit, ne comprit pas la réaction de Romain. Quand il vit sa main blanche tendue vers lui, il la saisit avec reconnaissance. Une fois de plus, le contact de son démon provoqua une vague d'éléctricité dans tout son corps. Les joues rosies, il se releva prestement. Dès qu'il fut sur pieds, Romain lui expliqua par pensées tout ce qu'il venait d'apprendre. Bastien écarquilla les yeux, surpris. Lui aussi fut d'accord pour dire la vérité à Fûka, qu'il considérait presque comme son amie.

Laisse-moi m'en charger, demanda t-il à Romain.

Celui-ci accepta, indifférent. L'ange prit la main de Fûka dans la sienne, la regarda dans les yeux, et demanda gravement :

Depuis combien de temps la.. Chose intervient t-elle ?

Le démon s'était brusquement rapproché d'elle :

- Veuillez m'excuser

,

dit-il très sincèrement.

Fûka écarquilla les yeux. Qu'est-ce que...
C'est alors que qu'il avait passé la main autour de sa nuque et sur son front. Elle sentit une énergie maléfique se déverser en elle. C'était comme si quelque chose d'étranger à son corps, à son sang, se mêlait en elle pour en ressortir avec frustration. Elle se mordit la langue en un réflexe pour ne pas crier. Ce Mal mettait ses os en feu et dévorait ses muscles. Elle ne sentait plus ses jambes et elle s'effondra sur le sol en même temps que l'ange alors que le démon la relâchait.

Elle resta ainsi, les jambe repliée contre elle pendant plusieurs minutes, tremblante et haletante. Elle n'avait même plus la force de se mettre debout pour se défendre contre le ténébreux démon. Elle n'avait pas la force de réfléchir à quoi que ce soit. Elle se sentait vidé, fragile et souillée, comme si une part d'elle même s'était envolée.

Elle se traîna finalement vers un fauteuil, le même que celui dans lequel était négligemment assis le démon quelques minutes plutôt. Elle prit sa tête entre ses mains, essayant de calmer les battements irréguliers de son coeur. Jamais une chose ne lui avait fait si mal, hormis la douleur du Livre. Mais rien ne pouvait égaler la douleur du Livre.

C'est alors qu'elle sentit son pouls se calmer et son coeur redevenir entier, comme si elle était redevenue complète. Elle se sentait de nouveau entière. C'était un soulagement difficile à expliquer, quelque chose que l'on ne peut pas éprouver si on ne l'a pas déjà vécu. Elle releva la tête, s'attendant à voir le démon, un sourire narquois aux lèvres -croyait-il qu'il lui avait donné une bonne leçon ?- mais, au lieu de cela, elle vit le sourire compréhensif de l'ange. Elle ne put s'empêcher de lui sourire en retour.

- Depuis combien de temps la.. Chose intervient t-elle ?

Que... Qu'est ce que ça venait faire là ? Qui étaient-ils ? Que lui voulaient-ils ? Fûka prit peur : elle n'aurait jamais dû parler de ça. Ils étaient là pour elle, ils voulaient lui faire du mal...
Elle s'enfonça son le fauteuil et sortit ses shurikens :

- Qui... qui êtes-vous et... et.. que me voulez vous ?

Elle ne put s'empêcher de bagayer, subissant toujours le contrecoup du sort du démon.

Désolée, c'est court mais bon... :/

Bastien prit conscience que Fûka avait vraiment souffert de l'intrusion du démon. Elle se renfonça dans son siège, et Bastien eut le temps d'apercevoir un éclat brillant dans sa main.

Des shurikens, lui souffla Romain dans son esprit.

L'ange leva ses mains, et recula de quelques pas, lâchant immédiatement sa main. Il ne supportait pas de la voir dans un tel état. Il aurait voulu la réconforter, s'excuser, mais il ne savait pas quoi dire.

Qui... Qui êtes vous et... Et... Que me voulez-vous ?

L'ange fronça les sourcils, déconcerté et triste à la fois. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Fûka réagissait ainsi, jusqu'a ce qu'il se rappelle de quelque chose. Dans son esprit se formèrent les images de son pacte avec Romain, et de la douleur et la confusion qu'il avait ressenti à ce moment. Il frissonna, chancelant. La tête lui tournait rien que d'y penser. Il sentait à présent le sang noir et souillé qui coulait dans ses veines, se mêlant au sien, si pur. Il ferma les yeux, et serra les paupières, se concentrant intensément pour retrouver la maîtrise de soi. Une fois que les images douloureuses qui défilaient sur l'écran de ses paupières eurent disparues, il rouvrit les yeux, et offrit son sourire le plus doux à la jeune fille. Puis il leva sa main de quelques centimètres, et, sans réfléchir, envoya à Fûka une onde de magie bienveillante, comme il avait l'habitude de le faire avant. Mais n'ayant plus les mêmes pouvoir qu'auparavant, ce simple sort l'affaiblit beaucoup plus que la normal. La fatigue s'abbatit sur lui d'un seul coup, et il tomba à terre, ses jambes ne pouvant plus le porter. Il haletait, luttant pour retrouver une respiration normale. Il y parvint finalement, mais s'écroula de nouveau dès qu'il tenta de se remettre sur pieds.

Romain, à l'autre bout de la pièce, avait assisté à tout celà sans bouger. Fûka n'était de toute façon pas en état d'utiliser des armes qui demandaient une telle précision. Il était vraiment désolé d'avoir eu à lui faire tant de mal, mais il fallait qu'il sache... Et puis, il ne s'était pas attendu à une réaction aussi violente. La fille était vraiment pur. Le contact l'avait lui aussi un peu ébranlé, mais il reprit ses esprits très rapidement. Voyant l'ange autant affaibli, il s'avança, et parla sincérement à Fûka :

Nous ne vous voulons pas de mal. Je suis... Vraiment désolée d'avoir fait ça.

Il inclina le buste, puis se redressa.

Nous sommes... Il hésita longuement, regardant Bastien. Nous sommes... Il ne trouvait vraiment pas de termes pouvant les décrire. Il abandonna. Bastien m'a recueilli dans son corps alors que j'allais mourir, avoua t-il.

Il n'appréciait pas beaucoup ça, mais il devait au moins des explications à la sorcière. Il se retourna vers Bastien, se pencha vers lui, passa son bras sous ses épaules et l'autre sous ses genoux, et le souleva avec une facilité déconcertante. Le petit corps de l'ange était à moitié inerte, mais brillait d'une lumière réconfortante (enfin, pas pour Romain) : il récupérait ses force. Il fit de nouveau face à Fûka, Bastien dans ses bras, et attendait qu'elle dise quelque chose. Il n'était peut-être pas judicieux de lui poser des questions sur Kami maintenant.

Bastien sombrait à moitié dans l'inconscience. Tout ce qu'il voyait entre ses paupières entrouvertes étaient floues, et il avait du mal à réfléchir correctement. Néanmoins, il sentit le torse tiède et dur de son démon contre sa joue, et un grand sourire naquit sur ses lèvres sans qu'il puisse l'en empêcher. Il aurait voulu rester comme ça indéfinimment.

L'ange se rapprocha d'elle et lui posa la main sur le front, à son tour. Elle fut surprise par la différence de sensation qu'émanait le contact avec le petit garçon par rapport à celui qu'elle avait eu avec le démon. D'un seul coup, elle se sentait détendu, en paix. Ses craintes s'étaient apaisées et ses démons l'avaient quittés. Elle se sentait bien.

Elle savoura la délicieuse sensation avec plaisir, fermant les yeux quelques instants. La main fraîche de l'ange sur son visage était un véritable apaisement. Lorsqu'elle sentit celle ci se décoller, elle ouvrit les yeux.

Elle voulut faire quelque chose, esquissa un geste mais le démon de lui en laissa pas le temps. En quelques secondes, il était aux côtés de son compagnon et le soutenait de ses bras fins et musclés. L'ange semblait s'être évanoui.

Elle se leva et s'approcha du garçonnet, voulant lui porter secours mais la voix du ténébreux la stoppa net.

- Nous ne vous voulons pas de mal. Je suis... Vraiment désolée d'avoir fait ça.

Il avait l'air... inquiet pour le garçon mais il prenait pourtant la peine de la rassurer. Fûka écarquilla les yeux et dit :

- Qu'est ce que vous avez fait, alors ? Et qui êtes vous réellement ?

- Nous sommes...

Il hésita longuement, regardant Bastien.

avoua t-il.

Fûka fut surprise. Quels étaient les liens qu'ils entretenaient ? Elle n'avait jamais connu d'amitié aussi proche, aussi pur. Bastien -puisque c'était le nom de l'ange- avait sauvé la vie d'un démon ! La sorcière d'eau en fut soufflée.

Un gémissement sortit alors de la poitrine de Bastien. Il semblait très affaibli, même si, comme le constatait Fûka avec émerveillement, un halo réparateur entourait déjà le corps délicat du garçon. Ainsi, les vertus réparatrices que les livres prêtaient aux anges étaient réelles. Il faudrait qu'elle pose des questions à ce sujet.

La sorcière se reprit : le plus important était d'emmener le blessé à l'infirmerie. Elle aurait tout le loisir d'obtenir des réponses là bas.
Elle leva les yeux vers le démon :

- OK... Heu... Il faudrait l'emmener à l'infirmerie... C'est tout près, je connais le chemin par coeur.

Le démon acquiesça et prit l'ange dans les bras, tel une princesse

Fûka ouvrit la porte et, empruntant un chemin oublié qu'elle avait découvert, ils arrivèrent rapidement dans l'infirmerie.

C'était une grande salle en pierre blanches, paisible. Il y régnait une délicieuse odeur de sucré, merveilleuse pour le moral des malades. Des lits confortables était alignés le long des murs, couverts de draps propres et accueillants. Près de chaque lit, il y avait une petite table de chevet sur laquelle était posé une lampe et il y avait aussi un petit fauteuil sur lequel pouvaient s'asseoir les visiteurs du malade alité. Au fond de la pièce, on entendant vaguement sortir d'une porte ouverte ouverte les glouglous d'une eau bouillante. C'était la réserve de plantes, pièce dans laquelle Fûka préparait potions et sorts avec le vieux chaudron de l'infirmière Belde, qui était d'ailleurs absente. Fait rare dans la pension, l'infirmerie était complètement vide.

la sorcière d'eau s'assit dans le premier fauteuil près du premier lit venu et l'indiqua à au démon :

- Met le là. Pas besoin de lui donner quoi que ce soit, il à l'air de s'en sortir tout seul... Je crois qu'il a juste besoin de repos.

Le ténébreux se pencha pour poser délicatement le blessé sur le lit. Mais lorsqu'il voulut le lâcher, Bastien gémit, poussant un petit cris effrayé et dit :

- NON ! ROMAIN !

Ah, pensa Fûka. L'autre s'appelle donc Romain.
Le démon la regarda d'un air interrogateur. Fûka haussa les épaules. Finalement, Romain s'assit sur le lit, gardant la main de Bastien dans sa paume.

Fûka croisa les jambes. Elle n'avait plus rien à faire ici mais cependant... Elle voulait des réponses.

- Alors... Pourquoi ?

Fûka leva finalement les yeux vers Romain. Elle semblait dans un bien meilleur état.

OK... Heu... Il faudrait l'emmener à l'infirmerie... C'est tout près, je connais le chemin par coeur.

Romain suivit Fûka, Bastien toujours dans ses bras. Ils attérirent dans une grande salle, couleur blanc immaculé. Romain plissa les yeux un instant, le temps de s'accoutumer à cette luminosité. L'air sentait les sirop, et les plantes. Ce devait être l'endroit rêvé pour un malade, mais Romain éviterait d'y revenir à l'avenir. Ils s'approchèrent du lit le plus proche. Les draps étaient pliés à la perfection, l'oreiller semblait moelleux et confortable, et une lampe projetait une douce lumière tamisée.

Met le là. Pas besoin de lui donner quoi que ce soit, il à l'air de s'en sortir tout seul... Je crois qu'il a juste besoin de repos.

Le démon lui jeta un regard de travers. Il connaissait mieux Bastien qu'elle, et le fait qu'elle lui explique presque ce qui allait arriver l'agaçait légérement. Il ne protesta pas et se pencha en douceur vers le lit. Alors que les mains de Bastien glissaient sur sa chemise blanche, elles l'agrippèrent soudainement et fermement, tandis que des lèvres entrouvertes de Bastien s'échappa un cri.

NON ! ROMAIN !

Le démon le regarda, étonné. L'ange avait toujours les yeux fermés, et des gouttes de sueur perlait sur son front. Il avait de la fièvre. Romain poussa un soupir, mais un sourire en coin qu'il ne connaissait pas lui même se forma sur ses lèvres. Finalement, il s'assit lui-même sur le lit, installa Bastien sur ses genoux, et le laissa reposer sa tête contre son bras, tandis que les petites mains frêles de l'ange enserraient toujours le tissu blanc qui habillait Romain.

Alors... Pourquoi ? demanda finalement la sorcière.

Romain releva la tête, réfléchit une minute, et ouvra la bouche pour répondre quand un nouveau gémissement de la part du blessé se fit entendre. Le démon rabaissa les yeux. Les gouttes de sueur coulaient maintenant sur tout le visage de Bastien, et ses traits étaient crispés comme si il souffrait. Romain passa sa grande main sur son front, rejetant ses cheveux en arrière, un air soucieux sur le visage. C'est alors qu'il remarqua la blessure que l'ange s'était faîte à la tête, surement en tombant. Elle était peu profonde, mais saignait légérement. Un peu agoissé, il leva des yeux implorant sur Fûka. Il aurait pu le soigner lui-même, mais l'énergie maléfique qu'il dégageait lui aurait fait plus de mal qu'autre chose. Il détestait être impuissant dans ces situations, et de plus devoir demander de l'aide à la magicienne, mais il n'avait pas tellement le choix. il secoua la tête, s'interdisant de se faire du souci pour Bastien. Après tout, c'était un ange, et ce n'était pas comme si il allait mourir pour une simple blessure... Un sentiment sincère d'indécision et d'incompréhension se forma sur le visage d'habitude impassible de Romain, pendant très peu de temps, avant qu'il recouvre son expression habituelle. De nouveau, il regarda Fûka, attendant de l'aide de sa part. Il dit quand même :

Il faut... Que je t'explique quelque chose.

Le tutoiement s'était fait naturellement.

A propos de la chose qui t'habite.

Les pensées de Bastien étaient de plus en plus floues. Il sentit juste l'étonnante et rassurante chaleur qui émanait du corps de Romain s'éloigner de lui, de plus en plus, tandis qu sa main frôlait des draps blancs froids et dur. il eut un dernier reflexe de retenir cette chose qu'il aimait plus que tout au monde, puis sombra encore dans le brouillard. Il avait chaud, beaucoup trop chaud. Quelque chose de rafraîchissant passa sur son front, puis plus rien.

Bastien émit un petit gémissement de douleur et Fûka tourna la tête vers lui. Elle remarqua une tâche écarlate sur le front blanc de celui ci. Une petite coupure, peu profonde mais semblant s'être infectée, luisait.

Romain se tourna vers son compagnon, l'air inquiet. Fûka l'observa attentivement alors qu'il se tournait vers elle, sans rien lui demander. Il semblait inquiet pour Bastien mais n'osa rien dire. Il prit plutôt la peine de répondre à sa question :

- Il faut... Que je t'explique quelque chose.

Tutoiement. Net progrès.

- A propos de la chose qui t'habite.

Fûka se leva, ne prenant pas la peine de lui répondre et se dirigea vers la réserve de plantes au fond de la salle.
C'était une petite pièce dont tous les murs étaient couverts d'étagères remplis de bocaux, contenant plantes ou mixtures peu ragoûtantes. Fûka les jugea avec un oeil expert et attrapa d'un geste assuré deux petites fioles de plantes. Elle les versa dans le chaudron et les mélangea rapidement. Après avoir mit dans un petit bol la potion visqueuse obtenue, elle revient auprès de Bastien.

Elle expliqua à Romain :

- C'est un cataplasme destinée à sa blessure au front.

Elle enduit avec soin une compresse et la posa délicatement sur le front de la coupure de l'ange. L'halo doré qui l'entourait se renforça et sembla reprendre en brillance.

Fûka se rassit dans le fauteuil et plongea ses yeux bleus verts dans ceux inquiétants du démon.

- Alors, tu disais ? Ne t'inquiète pas, c'est un ange, il devrait survivre... Enfin, tant que tu resteras avec lui,

rajouta-t-elle avec un petit sourire, voyant comment l'ange se raccrochait à son compagnon.

Fûka se leva, le visage impassible. Elle revint quelques minutes plus tard, tenant dans ses mains un blo blanc, d'ou s'élevait une odeur âcre.

C'est un cataplasme destinée à sa blessure au front.

Romain regarda d'un oeil dubitatif la sorcière étaler le contenu du blo sur la plaie, mais ne s'interposa pas. Lorsque toute la mixture fut répartie soigneusement autour de la blessure, elle sembla s'enfoncer dans sa peau, et d'un coup, l'auréole lumineuse entourant Bastien brilla avec plus d'intensité. Le visage de l'ange paraissait déjà plus détendu.

Alors, tu disais ? Ne t'inquiète pas, c'est un ange, il devrait survivre... Enfin, tant que tu resteras avec lui.

Romain releva vivement les yeux, et croisa le regard liquide de Fûka. Il fronça d'abord les sourcils, agacé de cette remarque, puis baissa les yeux. Il voulait lui demander des explications, savoir pourquoi elle disait cela, mais il ravala ses paroles, songeant plutôt à lui répondre enfin. Resserrant machinalement ses doigts autour de ceux de Bastien dans un geste mécanique qu'il ne comprit pas tout à fait, le démon prit la parole.

Un esprit vit en toi.

Silence.

Elle s'appelle Kami, et te ressemble beaucoup.

Silence.

Bastien avait l'impression de s'être endormir durant des heures. Peu à peu, la brume se dissipa de sa vue. La première chose qu'il vit fut le cou long et pâle de Romain, puis son menton, et son regard sévère. Il ne comprit pas ou est-ce qu'il était. Il essaya discrétement de bouger ses muscles, quand il se rendit compte que sa main était emprisonné dans celle de Romain. Jetant un rapide regard autour de lui, il vit Fûka, assise en face de Romain, et des murs blancs, partout. Il perçut enfin qu'il était dans l'infirmerie, et... Allongée sur les genoux de Romain. Il eut l'impression que son dos et sa main prirent feu, en même temps que ses joues. Il referma brutalement les yeux, serrant ses paupières, réfléchissant à toute allure. Vu le visage de Fûka et celui de son démon, Romain venait à tous les coups de lui annoncer la présence de Kami. De plus, il se sentait tellement bien et tellement heureux intallé ici qu'il décida de ne pas bouger, espèrant de tout son coeur que personne ne le remarquerait. Romain se déplaçant légérement, son jean chatouilla délicieusement le dos de l'ange, qui ne put s'empêcher de resserer ses doigts.

Le démon resserra ses doigts autour de ceux, blanchâtres, de l'ange. Il semblait profondément s'inquiéter pour son compagnon, bien qu'il ne semblait pas se l'avouer.

Il rencontra de nouveau le regard de la sorcière et dit:

Ok. Bon. Première chose.
Mais ça, elle aurait pu le deviner toute seule. Elle ouvrit la bouche et s'apprêta à dire quelque chose lorsqu'il continua :

Fûka fut incapable de parler. Que... Un esprit qui lui ressemblait... ? Pouvait-il s'agir de sa... mère ? Fûka n'avait aucun souvenir de celle ci, hormis qu'elles avaient exactement les mêmes traits et les mêmes expressions. La seule différence que possédait Kaede Hirakawa avec sa fille était les cheveux : alors que ceux de Fûka étaient légèrement ondulés et bleus, ceux de Kaede étaient d'un noir profond, de même que ses yeux. Fûka se demandait d'ailleurs d'où lui venaient ses yeux bleus verts, puisque son père les avaient marrons.

Fûka voulut poser une question, lorsqu'elle vit les doigts de Bastien serrer ceux de Romain. Elle scruta attentivement le visage de l'ange : il rougissait et semblait préoccupée, dans son sommeil profond.

Quel était donc le lien qui les unissait ? Fûka se posait des questions. S'agissait-il du lien entre un esprit et le corps qu'il habitait ? Dans ce cas, pourquoi ne pouvait-elle pas communiquer avec La Chose ? Enfin, Kami, puisque c'était son nom...

Elle revint à Romain et lui demanda avec hésitation :

- Cette... Cette esprit.. Elle inspira profondément. Kami... Est-ce qu'elle avait les cheveux longs et noirs ?

Que ferait-elle, s'il s'agissait réellement de sa mère ? Celle ci ne l'avait-elle pas complètement rejetée ? Ne l'avait-elle pas haïe dès sa naissance, tout comme son père ? Fûka avait eu le malheur de naître fille, alors que ses parents désiraient ardemment un garçon. Sa mère en était même morte à moitié de chagrin, à moitié sous les coups de son maris.

Cette... Cette esprit.. Kami... Est-ce qu'elle avait les cheveux longs et noirs ?

Romain la regarda, surpris.

Non... Elle a les mêmes cheveux que toi, en plus courts.

Il ne demanda pas pourquoi elle avait posé cette question. Ca ne le regardait et ne l'intéressait pas. Il continua plutôt les explications.

C'est... Exactement la même chose qu'avec moi et Bastien, alors tu te demandes sûrement pourquoi tu ne peux communiquer avec elle.

Il laissa planer un court silence, et reprit :

Tout simplement parcequ'elle ne le souhaite pas pour le moment.

Il se renfonca dans le lit, et appuya son dos contre le mur, laissant le temps à la sorcière d'encaisser tous ces chocs à la fois. Soudain, il sentit des pulsations au creux de sa main, et un esprit maintenant familier envahir le sien. Il jeta un regard vers Bastien. Ses joues étaient rosies, ses paupières fronçées. Etait-il donc réveillé ? Puis, il passa un doigt sur son front, impressioné. La blessure ne laissait plus aucune trace, la peau était de nouveau lisse. Soudain, l'ange ouvrit les yeux.

Bastien avait suivit toute la conversation, et comprit rapidement qu'en effet, Romain avait déjà tout dit à Fûka. Enfin, presque. Ce fut plus fort que lui. Lorsqu'il sentit le long doigt osseux du démon courir sur son front, il ouvrit les yeux, et tomba une nouvelle fois sur le regard noirâtre de Romain. Cette fois çi, il soutint son regard et eut un faible sourire.

Ca va, dit-il, répondant à la question silencieuse du ténébreux.

Malgré tout, il n'eut pas le courage de se relever pour quitter les genoux de Romain.

Le démon sourit. Il avait été stupide de s'inquièter pour une coupure. Il ne savait vraiment pas ce qu'il lui avait pris. Bastien avait l'air en pleine forme, aussi Romain plaça sa paume large sous la tête de l'ange et la souleva, obligeant Bastien à s'asseoir à côté de lui.

L'ange se laissa faire, ne pouvant décemment pas rechigner. Au bout d'un moment de silence et de gêne, ou chacun se sentit vide et froid, le démon poussa un soupir discret, et, toujours en se demandant ce qu'il faisait, son bras se glissa sur la taille de Bastien, qui lui fut parcourur d'un long frisson. Un large sourire moqueur s'épanouit sur le visage de Romain, qui lança à Bastien par la pensée :

Mmh, eh bien, j'imagine que c'est flatteur, mais tâche tout de même de surveiller tes pensées.

L'ange ouvrit de grands yeux, se mordit la lèvre, rougit une fois de plus et détourna le regard. La main de Romain exercait une pression et une chaleur insoutenable sur ses hanches.
Après un nouveau moment de silence, les deux regard, l'un doux, et l'autre acide, se tournèrent vers Fûka.

Fûka en fut surprise. Qui était donc ce sosie d'elle même, logée à l'intérieur de son corps et prenant possession d'elle comme elle le souhaitait ? Plus que jamais, elle avait besoin de réponses. Elle réfléchit à tout ce qu'elle savait. L'esprit à l'intérieur d'elle semblait puissant. Elle avait dû être une personne dotée de pouvoirs magique exceptionnelles, pour pouvoir prendre le contrôle de son hôte contre la volonté de celui ci. Et vivre depuis bien longtemps pour savoir autant de choses.
Mais pourquoi Fûka ne pouvait-elle pas communiquer avec elle ?

Fûka hocha la tête. Il avait lu dans ses pensées.

- Tout simplement parcequ'elle ne le souhaite pas pour le moment.

Fûka voulut poser une question au démon lorsqu'il posa son doigt long et fin sur le front de Bastien. Fûka sourit de satisfaction en voyant que l'ange n'en conserverait pas la moindre cicatrice. Peut-être que Romain la prendrait-il un peu plus au sérieux désormais.
Soudain, l'ange se réveilla.
Il tarda son regard bleu dans ceux noirâtres de Romain et sourit faiblement.

- Ca va

dit-il, rassurant son compagnon.

Le démon sourit sincèrement en retour. Fûka écarquilla les yeux et pensa que, sans son air habituellement ironique, le démon pouvait être assez séduisant.
Romain souleva l'ange et le posa à côté de lui, passant un bras autour de la taille de Bastien. Le démon poussa un petit soupir que Fûka perçut. Elle en fut un peu attendrit.
Soudain, Bastien rougit. Fûka demanda :

- Bastien... Ca va ? Tu as chaud ? Peut-être as-tu de la fièvre... Attends, j'ai une compresse...

Elle prit une petite serviette et l'humidifia. Elle la tendit à l'ange et se tourna vers le démon :

- N'y a-t-il pas un moyen de la contacter ?

Bastien... Ca va ? Tu as chaud ? Peut-être as-tu de la fièvre... Attends, j'ai une compresse...

Zut, pensa-t-il. C'est si voyant que ça ?

Il se mordit la lèvre de nouveau en voyant la serviette que lui tendait Fûka.

Euh.. Je.. Non, enfin c'est juste que... Si, merci.

Il la saisit finalement, et s'en épongea rapidement le front, encore fébrile. Il n'arrivait vraiment pas à se calmer... Il faudrait peut-être qu'il se détache de cette étreinte puissante, mais c'était impossible. Le bras de Romain collait littéralement à son T-Shirt. Un goût de fer s'insinua dans sa bouche. Surpris, il se toucha les lèvres du bout des doigts, pour découvrir que ses dents les avaient légérement percées. Il passa la serviette humide dessus, pour stopper le léger saignement. Il garda le tissu mouillé dans ses mains, le serrant tant que ses jointures blanchirent. Cette pression était insoutenable, mais il se sentait d'un autre côté tellement bien ainsi...

N'y a-t-il pas un moyen de la contacter ?

Un sourire inévitable collé aux lèvres, Romain tenta de reprendre son sérieux habituel, et réussit avec succès.

Tu ne pourras la contacter que quand elle le voudra... C'est elle qui décide. Moi-même, j'ai eu du mal à percevoir sa présence... Mais, si tu veux mon avis, elle ne tardera pas à se montrer.

Romain savait que les frissons qui parcouraient le corps de Bastien continuellement n'étaient pas du à la fièvre, et il s'en amusait d'ailleurs beaucoup. Accentuant la pression de sa main, enfoncant ses doigts dans la peau de Bastien, presque à lui faire mal, un sourire quelque peu sadique s'allongea sur son visage. Il essaya de le cacher, avec moins de réussite que la dernière fois. Et puis, peu à peu, en sentant ce corps frêle s'agiter contre son bras et sa taille, une petite idée qu'il n'aurait jamais eu auparavant s'insinua en douce dans son esprit. D'accord, le petit ange lui avait sauvé la vie, il devait lui être extrêmement reconnaissant, jouer correctement son rôle pour remplacer la dette qu'il avait envers lui, et être presque sous ses ordres, mais il avait tout de même le droit de s'amuser un peu, non ? Il n'avait plus vraiment envie d'être le démon bien sage qui obéit et qui est poli avec tout le monde... Mmh... Ce n'était pas un peu Kara-ien, tout ça ? Peut importe. La pensée du démon terriblement séduisant réveilla des souvenirs enfuis au fond de lui. Toutes ces nuits qu'il avait passé en sa compagnie... Ces nuits qu'il avait d'abord redouté, puis désiré... Car oui, Kara était décidemment très bon au lit. Il eut un petit rire discret et légérement inquiétant. Un jour, il devraient recommencer... Non. Ce n'était pas le moment. Si il recommencait, c'était fichu. Une vague de désir le parcourut à cette idée, mais il la refoula rapidement. Il revint à ses pensées de départ. L'ange s'agitait toujours à côté de lui, et une goutte de sueur se décolla de son front pour glisser sur sa tempe et la courbe de son menton. En fin de compte, il était plutôt pas mal, pour un ange. Il se composa d'abord un air innocent sur le visage, comme il savait si bien le faire, puis déplaca sa main de quelques centimètres, histoire qu'elle s'introduise en douce sur le T-Shirt du petit ange. Sa peau tellement douce glissa sous ses doigts quelques peu avides.

Bastien voulu parler à Fûka, lui expliquer qu'elle pouvait sûrement inciter son invitée à sortir de son corps :

Mais si tu...

Sa bouche resta ouverte, mais aucun son de sortit de sa gorge.

N... Non ... Rien... réussi-t-il à balbutier.

Il avala sa slive après plusieurs tentatives ratées, puis serra de nouveau la serviette avec force, avant de la passer rapidement sur son visage, dont les joues avaient encore rougi. Il promena son regard sur la salle, tentant de souffler régulièrement, mais sa respritation tremblotait un peu. Jamais il n'avait ressenti quelque chose d'aussi fort. Le contact de leur peau était si agréable... Encore une fois, sa taille le brûlait. Il ne savait pas quoi faire, il fallait qu'il réagisse, ou sinon il allait se jeter sur Romain pour le serrer de toute ses forces contre lui. Et ça, il ne pouvait pas. Il voulut se lever. Il essaya vraiment. Mais la main repartit sur son ventre, menaçante. Il se rassit donc, cherchant une excuse pour se dépetrer de ce pétrin.

Le sourire cruel de Romain avait remplacé celui innocent. La peau de Bastien était vraiment, vraiment très douce. Il faisait jouer ses doigts sur son ventre et sa taille, le griffant très légérement une ou deux fois, sans pouvoir se retenir. Il espérait tout de même que la sorcière ne remarquerait pas ce petit ... Incident.

Romain la regarda et reprit son sérieux :

Il avait l'air d'en savoir plus qu'il n'y paraissait. Fûka savait qu'elle n'arriverait pas à obtenir plus d'informations de la part du démon. Elle n'était pas de taille.
Fûka se mit à réfléchir, cherchant avec obstination une réponse à ses problèmes. Mais elle revenait toujours à la même conclusion : il fallait interroger Kara et aller au château. Elle n'était pas revenue à Shiinu pour rien : elle était revenue chercher des réponses à ses questions.
Elle se leva et alla chercher un plan de Shiinu, l'un des derniers en date, que l'infirmière possédait dans son bureau. C'était une petite pièce accueillante, là où la médecin cuisinait les élèves ayant de graves problèmes (drogues, maladies sexuelles, magie incontrôlables et tout ce genre de trucs...). Elle fouilla dans les étagères acajou et dénicha enfin ce qu'elle cherchait : une vieille carte, plan du vieux château de Shiinu, de temps où il n'était pas en ruine.

Fûka s'était souvent demandée comme l'infirmière avait eu en sa possession de telles reliques, d'une valeur inestimable qui auraient plus leur place dans le recoin interdit de la bibliothèque, mais au fond, elle s'en fichait bien. Tout ce que la sorcière d'eau voyait pour l'instant, c'était les précieux documents au creux de sa main et leur capacité à l'aider.

Elle revint dans l'infirmerie, s'excusant de son absence, lorsque Bastien lui dit :

- Mais si tu...

Il s'interrompit brusquement, fronça les sourcils et rougit.

- N... Non ... Rien...

balbutia-t-il.

Fûka fronça les sourcils à sont tour et se pencha ver l'ange.
Elle prit le visage du garçon entre ses mains, et son front contre son front. Il était brûlant. Ses yeux verts croisèrent le regard bleu qui rougit. Elle se détourna et remarqua que Romain avait froncé les sourcils.

Elle se leva et dit :

- Bastien, je crois que tu devrais encore te reposer. Je vais essayer de vous conduire aux dortoirs, à l'air d'un sort...

Elle sortit sa baguette magique et prononça, dans un langage magique, d'une voix pure et grave, qu'elle prenait seulement lorsque son pouvoir ruisselait en elle, les mots anciens ensorcelés que seuls les mages et sorciers connaissaient.

Seulement, Fûka avait complètement de préciser de quel dortoir, de quelle aile, elle voulait parler.

Elle dit à l'ange et au démon "Suivez moi" et, à l'aide de sa baguette magique, emprunta les chemins détournés menant aux dortoirs abandonnés.

Soudain, Fûka se rapprocha de Bastien, et colla doucement son front contre le sien, tout en posant ses paumes sur son visage. Bastien prit un air étonné, avant que son regard vert émeraude croise le sien. Il rougit encore -oui, c'était possible, et détourna le regard. Il ne vit pas que Romain fronçait les sourcils dans un geste qu'il n'avait pas contrôlé.

Bastien, je crois que tu devrais encore te reposer. Je vais essayer de vous conduire aux dortoirs, à l'aide d'un sort...

Elle se releva, ses yeux devinrent plus liquides, et prirent une expression concentré, tandis que sa main sortait sa baguette dans un geste qui semblait habituel. Les mots qui sortirent de sa gorge avaient une résonnance étrange, et l'ange reconnût la langue des magiciens, qu'il avait de nombreuses fois entendu. Curieux, il se dit qu'il questionnerait la jeune fille à propos de la magie, un jour ou l'autre. Elle murmura :

Suivez-moi.

Elle pointa sa baguette devant elle d'ou émanait une lueur bleuté très douce et agréable. Mais il se posait comme un léger problème. Il ne pouvait pas se lever, ou en tout cas, pas avec cette main baladeuse sur sa peau. Et il n'avait pas la force de redemander une nouvelle fois à Romain de l'enlever. Une douce chaleur se répandait dans tout son corps, qui partait justement de cette main lisse. Il leva un regard suppliant vers son démon, puis vers Fûka, qui partait déjà, suivant le chemin tracé par sa magie.

Romain hésita. Il voulait vraiment garder un contact physique avec Bastien, mais... Il fallait bien qu'il se repose, le pauvre. Hin hin. Et puis, il n'avait pas encore fini. Un doute s'insinua dans son esprit : Et si Kara avait vraiment pris possession de lui ? Ou alors, il déteignait vraiment sur lui. Mais bon. Ca n'avait pas d'importance. A contrecoeur, Romain retira doucement sa main. Il perçut le soupir de Bastien, mais ne sut pas deviner si il prouvait la déception ou le soulagement de l'ange.

Les deux se levèrent, et emboîtèrent le pas à Fûka. Il suivirent de longs couloirs, tous plus louches les uns que les autres. Fûka restait concentrée, tandis que, imperceptiblement, Bastien se rapprochait de Romain. Lui-même ne s'en rendait pas vraiment compte. Il ressentait encore ce léger vide, cette froideur qui disparaîssait au contact du démon. Alors il se rapprocha encore, comme un aimant, et encore, jusqu'a ce que leur mains se frôlent. A ce moment, il se rendit compte de ce qu'il avait fait, et commenca de s'éloigner précipitamment, mais Romain attrappa son poignet, le tourna vers lui, le fixa un long moment. Leurs yeux, opposés, se mélangèrent presque tellement ce regard était intense. Puis, la grande main se fit plus douce, moins brusque, et enveloppa la petite. Ils continuèrent à marcher ainsi, tandis que Bastien évitait de se soucier du feu qui brûlait en lui, et se sentait juste heureux, et que Romain ne comprenait pas, ne comprenait même pas qu'il puisse être heureux lui aussi ainsi.

Ils marchèrent un certain temps, sans que personne n'ose (ou n'ai envie, pour Romain) de détruire la concentration de Fû. Quand elle s'arrêta, Romain prit le devant, entraînant par la même occasion Bastien et poussa du bout des doigts la porte qui ne tenait déjà plus sur ses gonds. Il s'était déjà douté de quelque chose, vu les chemins détournés qu'ils avaient empruntés, mais là... L'endroit était totalement abandonné. Les lits étaient encore là, et c'était relativement et étonnamment propre, mais on voyait que l'endroit n'avait pas été utilisé depuis longtemps, au craquement du plancher, et à la faible lumière tamisée qui y régnait. Un long silence plana sur les trois pensionnaires.

[T'as vu comment j'ai tout fait pour mettre une ambiance ... Romantique ? XO Lumière tamisée, assez propre, et tout... Cool

*SORS*]

Fûka se concentrait sur la trajectoire et l'énergie magique qu'elle projetait dans sa baguette. Un contact mal dosé aurait pu tout faire exploser, si bien qu'elle ne se rendit pas compte de ce que les deux autres faisaient dans son dos, ni même de l'ambiance hyper romantique que la lueur bleue projetait sur les murs.

Elle essayait de ne pas penser aux multiples questions que soulevaient les non-réponses de Romain dans son esprit. Enfin, sur ses deux esprits, vu qu'apparemment, elle n'était pas aussi seule qu'elle n'aurait cru.

Elle reporta son attention sur le chemin devant elle, sans remarquer l'état quelque peu dégradé de l'aile dans laquelle elle se trouvait. Fûka était vraiment une paumée de la vie. Mettre deux pieds devant vers un objectif lui demandait toute sa concentration et elle ne remarquait jamais les détails pourtant importants de son existence, comme la main de Bastien dans celle de Romain par exemple.

La lumière s'éteignit enfin et ils se retrouvèrent devant une porte tout décrépit et sale. Un silence plana sur le groupe avant que Fûka ne se décide à la pousser.

La pièce dans laquelle ils pénétrèrent était dans un état plus que lamentable. Des petits rayons de lumière de soleil couchant perçaient des fenêtres pourtant murées par des planches. Les lits en fer étaient étroits et petits, sans parler des draps, tachés de tâches... Fûka ne préférait même pas savoir de quoi il s'agissait.
Un lourd silence planait sur les trois pensionnaires, que Fûka brisa d'un éternuement, effet indésirable mais prévisible de la poussière.

Elle se tourna vers l'ange et le démon, qui avaient l'air légèrement perplexe, une chose que Fûka comprenait. Rouge de confusion, elle s'inclina en s'excusant :

- Je suis vraiment désolée, j'avais complètement oubliée qu'il y avait ces anciens dortoirs abandonnées dans la pension ! Vraiment, je ne sais pas quoi dire... Je crois que vous allez devoir vous en contenter pour la nuit.. Ah, je suis vraiment désolée !

Encore une fois, elle passait pour l'idiote de service. Elle sentit une grosse boule se former dans son ventre. Elle était vraiment inutile.
Elle se détourna et dit, pour cacher ses larmes, essayant de contenir ses sanglot :

-Je... Je vais essayer de trouver des draps propres.

Elle se dirigea vers une autre porte, jouxtant le dortoir.

Je suis vraiment désolée, j'avais complètement oubliée qu'il y avait ces anciens dortoirs abandonnées dans la pension ! Vraiment, je ne sais pas quoi dire... Je crois que vous allez devoir vous en contenter pour la nuit.. Ah, je suis vraiment désolée !

Fûka s'inclina, s'excusant encore. Romain contempla les lieux d'un regard désespéré, mais Bastien ne s'y attarda pas, et ouvrit la bouche pour parler quand Fûka se dirigea à grands pas vers le fond de la salle.

Je... Je vais essayer de trouver des draps propres.

Bastien comme Romain sentaient la tristesse et l'humiliation de Fûka, mais le dernier ne s'en préoccupait pas vraiment, tandis que le petit ange était désolée pour elle. Brusquement, sans réfléchir, il lâcha la main de Romain, pour rattraper la sorcière dans l'autre petite salle ou un seul drap plié et en assez bon état l' attendait. Il se précipita vers elle, et la regarda dans les yeux, sans rougir cette fois :

Hé ! C'est pas grave, t'inquiètes pas ! Ca suffira largement, on va pas mourir non plus...

Il eut un petit sourire rassurant, et envoya une vague d'apaisement angélique à Fûka.

Merci quand même de nous avoir amené quelque part où dormir... Et puis, cette pension est tellement grande, tu m'étonnes que tu te soit perdue !

Il s'approcha d'elle, et essuya les quelques larmes qui coulaient sur ses joues. Il hésita, puis la serra dans ses bras, tentant de tout son coeur de la réconforter. Surtout que ce n'était vraiment rien, et qu'il ne voulait vraiment pas qu'elle se sente triste pour ça.

Romain était resté dans l'autre salle, bouche bée. Il referma brutalement ses doigts sur sa paume, et la vague de "colère" qu'il ressentit alors fut très rapidement balayée par une idée de vengeance. Bastien aurait encore plus la vie dure... Quand ils revinrent tous les deux avec un drap propre dans les bras, la sorcière avait l'air d'aller beaucoup mieux. Il installèrent le drap sur un lit, le plus grand qu'ils purent trouver.

Ce ne fut qu'en revenant dans la grande pièce que Bastien se rendit compte qu'il avait lâché cette main qu'il adorait tant, et qu'il ne s'en était pas aperçu. Maintenant qu'il y pensait, le vide était encore et toujours là. Il tourna son regard vers Romain, dont le visage complétement fermé ne laissait présager rien de bon. Il finit par s'asseoir sur le lit propre, ne prêtant pas attention aux protestations du métal rouillé.

Romain rejoignit l'ange et s'assit à ses côtés. Il prit sa main sans hésitation, avec force. Il se rapprocha encore, doucement, jusqu'a ce que leur genoux se touchent.

Bastien se dit alors que, peut-être, finalement, il aurait du garder cette main dans la sienne dès le départ. Parceque là, il sentait qu'il était vraiment mal. Il se sentait ridiculement impuissant, face à cette force qui lui serrait le poignet. Au contact de leurs genoux, il rougit plus fort.