Zero fut soulagé que tout revienne à la normale. C'était bien mieux comme ça...Il reprit donc sa marche dans le couloirs, tout en continuant de nommer tous les endroits devant lesquels ils passaient. Au bout d'un bon moment, ils eurent visité toutes les chambres et toutes les salles. Ne sachant que faire, il s'arrêta net. Puis il se retourna et dit à son acompagnateur:

-Voilà, je vous ai fait visiter toute l'école. Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous?

En disant cela, un groupe de jeunes garçons excités traversa le couloir où ils se trouvaient en trombe. L'un d'eux tenait un ballon de soccer dans ses mains, ils allaient probablement y jouer...Ils bousculèrent assez fortement la poupée avant de disparaître derrière une porte et de continuer leur course sans faire attention à personne. Seulement voilà, en percutant Zero ils avaient touché par mégarde un petit interrupteur qui se trouvait sous une des mains gantées de la poupée: Un tout petit bouton, rouge pour être facilement vu des utilisateurs mais tout de même caché sous le gant. Dessus était simplement écrit: on/off. Et l'interrupteur plat était maintenant à off...C'était vraiment un coup de malchance, il n'y avait que quelques chances sur mille que ça arrive. Enfin.

Le résultat fut que la poupée ouvrit tout d'abord des yeux surpris, carrément. Puis, ses yeux s'éteignirent littéralement, son corps s'affaissa par en avant comme une poupée désarticulée (ce qu'il était un peu, en fait) et une voix de femme robotisée se fit entendre:

-Prototype Zero Deuxième Essai Inter-Territorial Homologué...DÉSACTIVÉ.

Karot avait donc pu visiter l'intégralité de la Pension grâce à son nouvel ami qu'était Zero. Cet endroit était vraiment très grand, et il se serait sûrement perdu si il n'avait pas été guidé par son ami robot. Il fallait dire que, même si Karot avait un bon sens de l'orientation et un excellent instinct, il y avait des endroits qu'il n'aurait jamais pu trouver tout seul, du moins pas du premier coup. Mais à rien ne servait de penser à tout cela puisque c'était une éventualité qui n'arriverait jamais étant donné qu'il connaissait désormais l'école. Il était sur le point de répondre à Zero quand une bande de pensionnaires passa à côté d'eux, et apparemment ils désactivèrent le robot sans faire exprès quand ils le bousculèrent... Comment avait-il pu touché le bouton par inadvertance, c'était vraiment dû à la poisse. Sauf qu'à cause de la bousculade, le jeune sorcier n'avait pas vu où se trouvait ce bouton pour l'activer ou le désactiver.

Il réfléchissait, ce n'était de toute façon pas en restant planté là qu'il arriverait à faire quoi que ce soit... Il fallait chercher les endroits où le créateur de Zero aurait pu penser à mettre un bouton de ce genre. Le seul problème était de savoir quel genre de logique possédait le créateur de son ami. Car, Karot était bien conscient d'une chose et il en était sûr. Il y avait deux probabilités majeures : Soit le bouton était placé dans un endroit très difficile d'accès, ou au contraire dans un endroit tellement simple que personne ne penserait à aller chercher à cet endroit ce genre de choses. Karot décida de pencher vers la deuxième hypothèse et chercha les endroits les plus simples... Un gant, il avait une paire de gants et malgré que ce soit un très bon endroit pour dissimuler des choses, personne ne pensait à regarder en dessous des gants... Il toucha alors et finit par toucher un bouton qui remit Zero sur On.

"Ça va mon ami ?"

Dès que le garçon eut appuyé sur le petit bouton qui se trouvait sous son gant, le corps de Zero se redressa. Seule sa tête était toujours penchée vers l'avant, mais bientôt elle se redressa elle aussi. Ses yeux se rallumèrent et une voix féminine, la même qu'il y a quelques secondes, sortit de lui-même:

-Prototype Zero Deuxième essai Inter-Terrirorial Homologué...RÉACTIVÉ.

Il cligna quelques secondes deux yeux, un peu perdu. Honnêtement, c'était la première fois qu'il se faisait désactiver. Ce n'était pas très agréable comme sensation...Avant, on se contentait de lui ordonner de se mettre en veille et puis basta. Savoir qu'on pouvait le réduire au silence rien qu'en appuyant sur un bouton dérangea Zero. Bien sûr, il obéissait toujours, mais...Il préférait avoir toujours le dernier mot. Au cas où...Eh oui, la poupée voulait une sorte de liberté. De toute façon, cela prenait énormément d'énergies à ses piles de se désactiver puis se réactiver. Comme de fait, une nouvelle voix féminine se fit entendre:

-Attention. Piles faible. Veuillez mettre le prototype en mode «veille».

Après seulement, la poupée pu répondre à la question du garçon, en ignorant soigneusement le «mon ami» qui le troublait encore.

-Je vais bien. Mais je dois recharger mes piles. Me mettre en mode «veille».

Il ajouta pour qu'il comprenne:

-C'est un peu comme dormir. Je dois dormir. Quelque part. Avec ou sans lit, ça importe peu. Peut-être au dortoir. Ou ailleur. Mais je dois recharger, désolé. Cela me prendra environ huit heures. Je peux passer vingt-quatres heures sans recharger. Mes piles se rechargent toutes seules.Si je ne me met pas en veille d'ici vingt minutes, je tomberai en veille forcée n'importe où et ce sera incomodant pour les autres.

Il s'était efforcé de tout bien expliquer. Bon, c'était un peu décousu, mais l'essentiel était là.

Ah, Zero avait finit par se réactiver ce qui signifiait que Karot avait trouvé le bon bouton ce qui le soulagea grandement. Mais apparemment il ne fallait pas faire un usage trop abusif de la désactivation précédent l'activation... Quand on y réfléchissait bien c'était un peu comme s'amuser à tuer quelqu'un pour ensuite le ressusciter quand on le désirait, c'était quelque chose de très cruel. C'était sûrement parce que les humains aimaient bien se mettre à la hauteur de Dieu et que... Ce genre de fonctionnement donnait un peu le pouvoir des Dieux à de simples humains, parce qu'ils avaient le pouvoir de vie et de mort sur leurs robots. Quelle stupidité mais c'était malheureusement l'un des effets de la progression extraordinairement rapide de la science. Bref, Zero avait apparemment besoin de se reposer, de "se mettre en veille" comme il disait.

"Je comprends parfaitement, et bien je n'ai qu'à t'accompagner jusqu'à ta chambre. Si tu veux, nous pourrons nous voir demain. Je serais sûrement dans le Jardin, je viendrais de toute façon te chercher."

Karot sourit alors au robot et attendit sa réponse avant de commencer à marcher. De toute façon, qu'il le veuille ou non, Zero n'avait pas vraiment le choix. Il se devait de se reposer si il ne voulait pas tomber en "veille forcée", chose qui ne devait d'ailleurs pas être très agréable ne put s'empêcher de penser Karot... Est-ce que c'était un peu comme s'évanouir, on ne se rendait compte de rien, ni de l'endroit où on s'endormait ni même du moment, et quand on se réveillait on ne savait pas forcément ce qu'il s'était passé... Si c'était cela, c'était vraiment quelque chose de perturbant et que Karot détestait subir. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle il s'empressait de ramener Zero dans sa chambre, il pourrait comme ça se reposer là où il dormait toutes les nuits, et Karot pourrait lui s'installer dans sa nouvelle chambre... Ils se verraient le lendemain de toute façon...